Ukraine–Russie : entre pressions diplomatiques, avancées limitées et nouvelle spirale de violence
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio (4e L), l’envoyé spécial des États-Unis Steve Witkoff (3e L) font face à la délégation ukrainienne lors de discussions sur un plan américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine à la mission américaine à Genève, le 23 novembre 2025. ©FABRICE COFFRINI / AFP

Les discussions tenues à Genève autour du plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine ont marqué un tournant prudent pour Kiev. Dimanche, le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Roustem Oumerov, a affirmé que la dernière mouture du document reflétait désormais « la plupart des priorités clés » de l’Ukraine. Une évolution notable alors que la première version, saluée par Vladimir Poutine, reprenait plusieurs exigences majeures de Moscou : cession de territoires, réduction de l’armée ukrainienne, renoncement à l’OTAN.

Volodymyr Zelensky, qui jugeait ce texte inacceptable il y a encore quelques jours, a salué la relance diplomatique tout en avertissant : « Pour parvenir à une paix réelle, il faut beaucoup plus. » Selon lui, certains éléments « extrêmement sensibles » ont été intégrés, notamment la formule « tous-contre-tous » pour les prisonniers et le retour des enfants ukrainiens déportés en Russie.

Washington met la pression, Moscou rejette le plan européen

En parallèle des consultations, les tensions politiques ne faiblissent pas. Selon un haut responsable, les États-Unis ont exercé dimanche une forte pression sur Kiev pour qu’elle accepte rapidement leur proposition – pression atténuée ensuite mais toujours présente.

À Moscou, la réaction est cinglante : la contre-proposition européenne, présentée en marge d’un sommet UE–UA à Luanda, est jugée « non constructive » par le Kremlin. Le conseiller diplomatique Iouri Ouchakov a répété que le plan initial de Donald Trump pouvait « servir de base à un règlement final ». Le chancelier allemand Friedrich Merz insiste néanmoins : « La Russie doit être présente à la table des négociations. »

Zelensky soigne la relation avec Trump dans un climat tendu

Alors que Donald Trump accuse régulièrement Kiev de manquer de gratitude, Zelensky a pris soin d’apaiser les tensions. Dimanche, il a exprimé sa « reconnaissance personnelle » envers le président américain, rappelant que l’aide militaire américaine – notamment les missiles antichars Javelin – avait « sauvé des vies » depuis 2022.

Trump, de son côté, persiste à dénoncer les Européens qui « continuent d’acheter du pétrole russe » et à accuser Joe Biden d’avoir « tout donné » à Kiev. Son administration qualifie désormais son plan en 28 points de « cadre pour les négociations », tout en maintenant un calendrier serré initialement imposé à Zelensky.

Un front militaire qui s’embrase

Alors que la diplomatie patine, les hostilités ont connu une nouvelle escalade. Dans la nuit de lundi à mardi, l’Ukraine et la Russie ont été frappées par des attaques aériennes « massives ». En Ukraine, au moins six personnes ont été tuées, notamment à Kiev où les infrastructures énergétiques ont de nouveau été visées. Le ministère de l’Énergie dénonce une offensive combinée contre les centrales, stations électriques et installations gazières, à l’approche d’un hiver redouté.

La Russie affirme de son côté avoir subi « l’une des attaques aériennes les plus massives » menées par l’Ukraine depuis le début du conflit, avec trois morts dans la région de Rostov et 249 drones interceptés selon le ministère russe de la Défense.

Drones en Roumanie et Moldavie : la guerre déborde sur les voisins

La nuit a également été marquée par l’intrusion de drones dans l’espace aérien de la Roumanie et de la Moldavie, ravivant les inquiétudes régionales. Bucarest a fait décoller des Eurofighter Typhoon allemands, puis ses propres F-16, après deux incursions distinctes dans les comtés de Tulcea et de Galati. La Moldavie voisine a signalé la chute d’un drone sur son territoire.

Emmanuel Macron, qui participait à une réunion de la « Coalition des volontaires », a appelé à ne pas être « faible » face à la Russie, appelant à une « posture beaucoup plus agressive ». Il a aussi assuré que les Européens décideraient eux-mêmes de l’usage des actifs russes gelés, dont Trump souhaite financer des projets américains.

Un dernier espoir diplomatique, mais un avenir incertain

Si les discussions à Genève ont permis d’inclure des garanties minimales pour Kiev, aucune version consolidée du texte n’a encore été publiée. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio se dit « très optimiste », tandis que Trump suggère sur Truth Social que « quelque chose de bon pourrait bien se produire ».

Pourtant, la situation sur le terrain continue de se dégrader : Moscou revendique des gains territoriaux, les bombardements s’intensifient, et l’hiver énergétique s’annonce redoutable pour les Ukrainiens.

Entre pressions américaines, refus russe, prudence européenne et escalade militaire, la paix semble encore lointaine – même si, pour la première fois depuis des mois, Kiev reconnaît entrevoir quelques « avancées » à construire.

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