Le Venezuela a qualifié lundi la désignation par Washington du Cartel des Soleils comme organisation terroriste de «nouveau et ridicule mensonge» visant à justifier une intervention militaire «illégitime», en pleine crise entre les deux pays.
Les États-Unis ont déployé dans les Caraïbes le plus grand porte-avions du monde, accompagné d’une flottille de navires de guerre, officiellement pour des opérations antidrogue, visant particulièrement le Venezuela.
Lundi, ils ont annoncé la visite du chef d’état-major américain, le général Dan Caine, à Trinité-et-Tobago, petit archipel anglophone situé à une dizaine de kilomètres des côtes vénézuéliennes qui a accueilli ces dernières semaines des exercices avec des Marines et un bateau de guerre.
La visite sera axée notamment sur «la lutte contre le trafic illicite et les organisations criminelles transnationales», selon le texte de l’ambassade américaine qui précise que le général rencontrera mardi la Première ministre trinidadienne Kamla Persad-Bissessar.
Les États-Unis ont procédé à une vingtaine de frappes aériennes contre des bateaux de narcotrafiquants présumés, tuant au moins 83 personnes.
Le «Cartel de los Soles» est une organisation dont l’existence reste à démontrer, selon de nombreux experts, qui évoquent plutôt des réseaux de corruption permissifs envers les activités illicites.
«Le Venezuela rejette de manière catégorique, ferme et absolue le nouveau et ridicule mensonge du Secrétaire d’État, Marco Rubio, qui désigne comme organisation terroriste le prétendu Cartel des Soleils (...) pour justifier une intervention illégitime et illégale contre le Venezuela», selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
«Quoi qu’ils fassent, où qu’ils le fassent, peu importe comment ils s’y prennent, ils ne pourront pas vaincre le Venezuela. Nous sommes invincibles», a déclaré lundi le président vénézuélien Nicolas Maduro lors de son émission télévisée hebdomadaire.
Washington accuse M. Maduro d’être à la tête du Cartel des Soleils et offre 50 millions de dollars pour sa capture.
Les autorités vénézuéliennes affirment que le déploiement américain est un prétexte pour renverser le président Maduro et s’emparer des réserves pétrolières du pays.
«Chaque jour, ils inventent une connerie différente (...) pour pointer du doigt le Venezuela et ainsi justifier ce qu’ils veulent», a déclaré lundi le ministre de l’Intérieur, Diosdado Cabello, qui a annoncé une «grande» mobilisation mardi en faveur de la «souveraineté» et de «l’indépendance».
«Exercer des pressions»
M. Rubio avait demandé le 16 novembre le classement du cartel comme «organisation terroriste étrangère» (FTO), ce qui a été officialisé lundi. Cette liste comprend des groupes islamistes ou séparatistes, des guérillas et, plus récemment, des gangs.
«Le Cartel des soleils est maintenant une organisation terroriste. Ridicules, ils sont ridicules. Ils se répètent. C’est pourquoi ils vont d’échec en échec», a lancé la vice-présidente Delcy Rodriguez.
«S’ils voulaient vraiment combattre le narcotrafic, ils devraient aller en Équateur (...) Le Venezuela n’est ni producteur, ni trafiquant», a-t-elle ajouté, dénonçant «une provocation et une escalade».
Washington souffle le chaud et le froid sur la possibilité de frappes sur le territoire vénézuélien.
Donald Trump a autorisé des actions clandestines de la CIA au Venezuela et rappelé qu’il n’excluait pas une intervention militaire, tout en assurant qu’il allait parler avec M. Maduro.
La désignation sur la liste des FTO ne mentionne pas une intervention militaire, mais «cela ouvre un éventail de possibilités, tant militaires que de sanctions, à l’administration Trump pour continuer à exercer des pressions», a expliqué à l’AFP Juan Manuel Trak, universitaire au Mexique. Selon lui, «cette montée de la pression génère la perception qu’une sorte d’attaque est presque imminente».
Plusieurs compagnies aériennes ont annulé leurs liaisons avec le Venezuela, après que les États-Unis ont averti l’aviation civile d’une «augmentation de l’activité militaire» dans la région.
Le Venezuela fait déjà l’objet de sanctions américaines depuis 2019, avec notamment un embargo pétrolier qui oblige Caracas à vendre son pétrole au noir avec des rabais.
Certains économistes estiment que cette nouvelle mesure pourrait encore asphyxier davantage une économie déjà très fragile avec une grande partie de la population vivant dans la pauvreté.
Par Patrick FORT/AFP



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