Et c’est reparti pour un tour!
©ANWAR AMRO / AFP

À peine l’annonce de la frappe ayant visé le numéro deux du Hezbollah dans le raid sur la banlieue sud de Beyrouth diffusée, accompagnée des images montrant les missiles de précision atteignant l’endroit exact où se trouvait « Abou Ali », que ressurgit la mémoire de l’été 2024, date où les opérations d’assassinats ciblés ont commencé, coûtant principalement la vie à Fouad Chokr. Ces opérations avaient servi de prélude aux frappes majeures menées par la suite pour démanteler l’ossature militaire du Hezbollah et exercer une pression dans le cadre de la guerre, jusqu’à l’accord de cessez-le-feu signé sous la contrainte, un accord que le Hezbollah ne cesse, depuis, de renier.

La formation pro-iranienne se plaint quotidiennement du non-respect de l’accord par Israël, alors qu’elle sait pertinemment qu’Israël se réserve le droit d’agir chaque fois qu’il se sent menacé ; ce principe, selon lui, justifie ses frappes, ses ciblages et même la présence continue de drones.

En fait, le problème dépasse largement les doléances du Hezbollah. Derrière lui, tout l’axe se trouve désormais dans une impasse, dont la seule échappatoire serait une capitulation totale et sans conditions.

Face à l’assassinat de son chef d’état-major en plein cœur de la banlieue sud, et au message clair annonçant le retour des assassinats et des frappes d’avant le cessez-le-feu, le Hezbollah ne dispose que de deux choix: garder le silence, ce qui reviendrait à reconnaître implicitement son incapacité à riposter, admettre sa défaite réelle face à Israël et constater son incapacité à gérer la crise avec l’équilibre de forces d’antan; ou riposter à l’opération pour sauver l’honneur de son commandant et éviter de perdre la face au vu des évolutions majeures en cours.

Si la première option équivaut à un suicide moral pour le Hezbollah, la deuxième s’apparenterait à un suicide effectif : elle signifierait la fin de l’accord signé en novembre 2024 et ouvrirait la voie à une escalade israélienne aux conséquences incalculables, visant à achever ce qu’il reste de ses capacités militaires, avec destructions et déplacements massifs à la clé.

Deux options donc, toutes deux sont impossibles à gérer sans un sérieux extrême, car l’étau se resserre. Riposter et assumer les conséquences qui pourraient embraser sa base et son peuple, ou se taire et subir la poursuite des ciblages, ainsi que l’intensification du doute quant au rôle réel de son arsenal et à l’utilité même de le conserver.

Il existe pourtant une troisième voie, que le Hezbollah ne semble pas prêt à envisager. La seule qui pourrait lui préserver une quelconque place dans la vie politique, mais certainement pas militaire, au Liban : déclarer sa reddition, remettre à l’État la responsabilité de rassembler les armes et lui confier la négociation avec Israël sur le retrait et les arrangements sécuritaires et politiques nécessaires. Une option certes difficile, mais la moins pire entre deux maux.

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