Des diplomates et des résidents en Arabie saoudite ont indiqué à l'AFP que le pays avait assoupli les règles permettant à certains étrangers détenteurs d'un permis de séjour spécial d'acheter de l'alcool, dernier signe d'ouverture dans le royaume conservateur.
L'AFP a interrogé deux diplomates et deux résidents, qui ont affirmé que depuis au moins vendredi, les détenteurs non-musulmans de visas spéciaux peuvent se procurer de l'alcool.
Il leur est désormais possible de s'approvisionner dans le premier et unique magasin de boissons alcoolisées du pays, ouvert en janvier 2024 et jusqu'ici réservé aux diplomates non-musulmans, situé dans le quartier diplomatique de Ryad, à l'ouest du centre-ville.
Les autorités saoudiennes n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP à ce sujet. En 2024 déjà, elles n'avaient pas communiqué sur l'ouverture de ce magasin.
Le royaume, qui abrite deux des lieux les plus saints de l'islam, interdit la consommation d'alcool depuis le début des années 1950, au nom de son caractère illicite dans l'islam.
«J'en ai entendu parler par des amis qui l'ont essayé. Je m'y suis rendu (vendredi) et ça a effectivement fonctionné», raconte à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un résident étranger disposant d'un «golden visa».
«Ça m'a fait économiser beaucoup d'argent au lieu d'acheter sur le marché noir. Les prix sont raisonnables et nous pouvons enfin acheter de l'alcool», se réjouit-il.
Les «golden visas» saoudiens, appelés Premium Residency, offrent aux bénéficiaires une résidence privilégiée moyennant des frais pouvant atteindre 800.000 rials saoudiens (près de 200.000 euros).
Ils permettent de vivre, travailler et investir librement dans la riche monarchie du Golfe, sans avoir recours à un «sponsor» local, contrairement aux autres étrangers.
«30 bouteilles»
«Je me suis rendu au magasin un peu hésitant (...), c'est très facile» en réalité, témoigne auprès de l'AFP un autre détenteur du titre.
Un diplomate occidental a déclaré à l'AFP que certaines de ses connaissances titulaires de la résidence premium avaient pu acheter de l'alcool depuis vendredi. «Les groupes WhatsApp d'expatriés sont inondés de messages à ce sujet», sourit-il.
Le lendemain de l'assouplissement, «le magasin était bondé», confie à l'AFP une diplomate, ajoutant avoir vu des clients «sortir avec 30 bouteilles».
Le prince héritier et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Salmane, voit dans le tourisme une composante clé de son ambitieux programme de réformes Vision 2030, visant à diversifier l'économie du premier exportateur mondial de pétrole.
Ces réformes et l'accueil prévu de grands événements comme l'Expo 2030 ou la Coupe du monde de football 2034 alimentent les spéculations sur une possible levée des restrictions sur l'alcool, du moins dans des zones spécifiques, bien que les autorités excluent tout changement à ce stade.
Pour l'heure, la majorité des quelque 35 millions d'habitants est officiellement au régime sec : la détention ou la consommation d'alcool sont passibles d'amendes, de peines de prison et, pour les étrangers, d'expulsion.
Certains contournent néanmoins l'interdit en fabriquant leur propre vin, tandis que le marché noir prospère : une bouteille de whisky peut s'y vendre plusieurs centaines de dollars.
AFP



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