Si la situation sécuritaire le permet, les chrétiens d’Orient répondront présents. Venus de Syrie, de Jordanie et d’Irak, ils convergeront vers le Liban pour accueillir le pape Léon XIV.
Si les Libanais s’apprêtent à accueillir avec ferveur le souverain pontife lors de son premier voyage à l’étranger, ils ne doivent pas en attendre un véritable souffle économique. Cette visite, principalement organisée autour de déplacements paroissiaux et diocésains, ne devrait pas susciter l’élan espéré dans les secteurs du tourisme, du voyage et de l’hospitalité.
À l’échelle économique, chaque secteur suit d’ailleurs sa propre dynamique : le volume et la nature de la demande varient sensiblement d’un domaine à l’autre.
Demande timide pour les billets d’avion
Malgré l’afflux attendu de pèlerins pour accueillir le pape Léon XIV, la demande de billets d’avion reste « timide ». Interrogés par Ici Beyrouth, deux propriétaires d’agences de voyage opérant depuis trois décennies sur le marché local constatent que la visite du Saint-Père n’a pas entraîné de hausse significative des réservations.
« Le pays traverse un moment d’incertitude, ni guerre ni paix », explique l’un d’eux. La demande initiale, quoique limitée, pour les billets d’avion, apparue lors de l’annonce de la visite papale, s’est rapidement estompée après les bombardements du camp d’Ain el-Héloué et la montée d’un cran des tensions au Liban. « La première question que pose chaque client est : que faire-je de mon billet si la visite venait à être annulée », insiste-t-il. Dans ce contexte, les voyagistes s’attendent surtout à des réservations de dernière minute, sans nourrir d’illusions quant aux revenus qu’elles pourraient générer.
Des pèlerins majoritairement en bus
Pour les fidèles venant de Syrie, de Jordanie ou d’Irak, le bus reste le moyen de transport privilégié. Les véhicules, immatriculés dans leur pays d’origine, offrent des trajets peu coûteux et simplifient la gestion des documents d’entrée au Liban. « Au final, il s’agit de déplacements organisés et financés par les paroisses et les diocèses », souligne une autre source du secteur.
Une visite spirituelle avant tout
Les professionnels du voyage se réjouissent de la venue du pape, qu’ils considèrent comme un événement principalement spirituel, riche en symboles et en messages de paix. Ils n’en attendent toutefois pas de retombées financières majeures. Autrement dit, ils ne comptent pas sur le tourisme religieux lié à la visite papale. Le tourisme religieux, rappellent-ils, n’a jamais vraiment cessé au Liban et continue de résister aux multiples crises traversées par le pays.
L’hôtellerie s’active
À l’inverse du transport aérien, le secteur hôtelier s’anime. Des réductions exceptionnelles ont été proposées pour les groupes de pèlerins, mais les offres restent traitées au cas par cas. Les réservations hôtelières enregistrent déjà une hausse de 20 % par rapport à la même période de 2024, indique à Ici Beyrouth Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers. Une progression qui pourrait encore s’accentuer une fois résolue la question de l’entrée des Syriens au Liban. En raison du contexte politique et sécuritaire, beaucoup doivent en effet s’acquitter de frais jugés élevés, ce qui freine leurs déplacements. Achkar affirme que des discussions soutenues sont en cours entre les acteurs du tourisme et la Sûreté générale afin d’aplanir cette difficulté.
Il déplore également l’impact des rumeurs relayées par certains médias, qui présentent un Liban au bord de la guerre. Les spéculations sur une possible flambée de violences avant, pendant ou après la visite papale alimentent la méfiance et découragent une partie des visiteurs potentiels. « À écouter certaines chaînes, on croirait le pays en état de siège », dénonce-t-il.
Les accessoires de la visite papale
Les grandes commandes de t-shirts, casquettes et autres accessoires liés à la visite papale auraient été passées auprès de grossistes chinois, une fois la visite du pape Léon XIV officiellement confirmée. Un industriel du textile, qui a requis l’anonymat, ne se dit guère surpris que la part des commandes confiées aux fabricants libanais soit minime : « C’est de moindre qualité, mais les produits chinois restent imbattables en termes de prix », explique-t-il.
Quant aux commerçants spécialisés dans la personnalisation de t-shirts et de casquettes, ils n’ont reçu que des commandes individuelles et relativement modestes.




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