Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Grossi a une nouvelle fois appelé mercredi l'Iran à autoriser les inspections des sites attaqués au mois de juin par Israël et les États-Unis.
«Nous avons commencé à réaliser un certain nombre d'inspections mais pas encore sur les sites attaqués et j'espère que nous allons pouvoir le faire», a déclaré M. Grossi à l'ouverture de la réunion trimestrielle du conseil des gouverneurs du gendarme onusien du nucléaire à son siège de Vienne.
Il a rappelé que cela faisait partie des «engagements de l'Iran» en tant que membre du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), et souligné qu'«il n'est donc pas correct de dire que parce que tout est détruit, il n'y a rien à voir».
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a rejeté dans la soirée toute coopération avec l'AIEA «à propos des sites bombardés».
«Nous coopérons uniquement à propos des installations nucléaires qui n'ont pas été touchées, dans le respect de la réglementation de l'AIEA», a-t-il ajouté sur Telegram.
M. Grossi a aussi dit espérer «avancer de manière constructive» avec l'Iran malgré un projet de résolution que doivent soumettre au conseil des gouverneurs par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne (dit groupe E3) et les États-Unis, qui a déclenché la colère de Téhéran.
«La seule chose que je peux faire est de dialoguer avec l'Iran», a ajouté M. Grossi, estimant qu'il serait «illogique que l'adoption d'une résolution puisse aboutir à moins de coopération».
Plusieurs responsables iraniens ont mis en garde l'AIEA contre l'adoption d'une résolution qu'ils jugent anti-iranienne, lors d'une conférence dimanche à Téhéran.
«En cas de résolution, l'Iran envisagera de revoir ses relations avec l'AIEA», a notamment déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi.
«Action provocatrice»
Mercredi, dans une déclaration commune consultée par l'AFP, les représentants au conseil des gouverneurs de huit pays, dont l'Iran, la Chine et la Russie, ont mis en garde contre l'adoption de toute nouvelle résolution qui «risque de saper l'élan coopératif et l'atmosphère politique constructive qui ont caractérisé les récentes interactions entre l'Iran et l'Agence», évoquant une «action provocatrice».
La République islamique avait déjà coupé les ponts avec l'AIEA après la guerre de douze jours lancée le 13 juin par Israël, estimant qu'elle avait une part de responsabilité dans son déclenchement au lendemain du vote d'une résolution critique sur le programme nucléaire iranien.
Les inspections ont finalement repris, mais pas sur les sites nucléaires clefs tels que Fordo, Natanz et Ispahan, touchés lors des frappes.
Le projet de résolution soumis mercredi, que l'AFP a pu consulter, dit que «l'Iran doit se conformer pleinement et sans réserve à son accord de garanties du TNP (...), afin de fournir à l'Agence, sans délai, des informations précises sur la comptabilité des matières nucléaires et les installations nucléaires sous garanties en Iran, et d'accorder à l'Agence tous les accès nécessaires pour vérifier ces informations».
La semaine dernière, l'AIEA a appelé l'Iran à l'autoriser à vérifier ses inventaires de matières nucléaires «dès que possible», et en particulier ses réserves d'uranium hautement enrichi, dans un rapport où elle soulignait avoir perdu la continuité de ses connaissances sur les inventaires précédemment déclarés depuis le 13 juin.
Elle rappelait qu'à cette date, le total des réserves iraniennes d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, s'élevait à 440,9 kg, soit une hausse de 32,3 kg par rapport au 17 mai.
Selon l'AIEA, l'Iran est le seul pays sans armes nucléaires à enrichir de l'uranium à 60%. Et les puissances occidentales et Israël accusent depuis longtemps l'Iran de chercher à acquérir des armes nucléaires, une accusation toujours démentie par Téhéran.
Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a affirmé qu'il n'existait pas «de site d'enrichissement nucléaire non déclaré» à la communauté internationale dans son pays, ajoutant qu'il n'y avait «pas d'enrichissement» en cours car les installations ont été endommagées lors de la guerre de juin.
AFP



Commentaires