L’association propriétaire du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) ouvre un nouveau chapitre: 9ᵉ Art+ ne sera pas reconduit à l’organisation de l’événement. Face aux critiques et menaces de boycott, un comité de pilotage va définir les orientations du prochain appel d’offres, dont les résultats sont attendus en juin prochain.
Les appels au boycott ont fait plier l'association propriétaire du festival de bande dessinée d'Angoulême (FIBD), qui a annoncé jeudi un nouveau processus de sélection pour le choix du futur organisateur de l'événement, dont sera écarté l'actuel délégataire 9eArt+, très critiqué.
De nombreux auteurs et éditeurs de BD avaient menacé de boycotter l'édition 2026 du festival, après le choix samedi de l'association de demander un «rapprochement» entre les deux derniers candidats retenus pour son organisation à partir de 2028, 9eArt+ et la Cité Internationale de la Bande dessinée et de l'Image (CIBDI).
«Ce choix n'a manifestement pas recueilli l'assentiment des parties prenantes de l'événement», constate, dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, l'association FIBD qui «décide de rendre caducs les résultats de l'appel à concurrence». Elle «atteste» également «que 9eArt+ ne sera pas reconduit au-delà» de son contrat actuel, expirant en 2027.
L'association va donc constituer le 18 décembre «un comité de pilotage», «composé de représentants de l'Association FIBD, des financeurs publics, des professionnels du secteur» pour «définir les orientations stratégiques et les priorités liées au prochain appel d'offres» dont les résultats seront proclamés le 18 juin prochain, précise-t-elle.
Bondoux «en retrait»
«J'espère qu'il y aura un apaisement suite à cette décision», prise au nom de «l'intérêt supérieur de l'événement», a déclaré à l'AFP le directeur décrié de 9e Art+ Franck Bondoux, qui va lui-même se «mettre en retrait de l'interface avec la profession», jusqu'à la fin de son contrat en 2027.
Elle sera assurée par ses équipes opérationnelles pour les deux dernières éditions confiées à sa société.
Le festival d'Angoulême, créé en 1974, est organisé par 9eArt+ depuis 2007.
La dernière édition, en début d'année, avait été marquée par une virulente mise en cause de cette société privée, accusée dans l'Humanité magazine d'opacité financière, de «dérives» mercantiles et d'avoir licencié une salariée, en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival.
Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et la jeune femme conteste son licenciement pour «faute grave», l'entreprise lui reproche un «comportement incompatible» avec son image - devant les prud'hommes.
Au printemps, sous la pression des financeurs publics (État et collectivités locales), qui contribuent à près de la moitié du budget, et d'un appel au boycott signé par des auteurs comme Luz ou Fabcaro, l'association FIBD avait mis fin au contrat de 9eArt+, ouvrant à la concurrence l'organisation de l'événement à partir de 2028.
En juillet, le délégataire historique avait annoncé le retrait à cet horizon de son directeur décrié, Franck Bondoux, sans renoncer à candidater à l'appel à projets.
«Danger de mort»
Le scénario d'une gestion partagée entre 9eArt+ et la CIBDI, un établissement public qui abrite le musée de la BD, n'a pas éteint l'incendie.
«Le Festival de la bande dessinée d'Angoulême est en danger de mort», ont alerté lundi 22 lauréats du Grand prix, récompense suprême du festival, parmi lesquels Riad Sattouf, Lewis Trondheim, Posy Simmonds, Jacques Tardi, Art Spiegelmann ou la lauréate 2025 Anouk Ricard.
«Il est grand temps de tourner la page 9eArt+ pour que le Festival retrouve, avec de nouveaux opérateurs, les valeurs qui ont construit sa notoriété internationale», ajoutaient-ils.
Une vingtaine d'éditeurs avaient aussi exprimé lundi leur volonté de «voir Franck Bondoux partir», et «pour certains dès maintenant», lors d'une réunion avec les collectivités locales, a déclaré mardi à l'AFP le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont, qui jugeait nécessaire «de répondre aux attentes de la profession».
Le festival a déjà connu par le passé des remous. En 2016, les éditeurs avaient ainsi menacé de boycotter l'édition suivante, si une «refonte radicale» de l'événement n'était «pas mise en œuvre dans les meilleurs délais».
La 53e édition du festival doit se tenir du 29 janvier au 1er février.
Par Gaël FAVENNEC / AFP



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