Théâtre: «La Misérable» ou Juliette Drouet, l’amour caché de Victor Hugo
«La Misérable» au Studio Marigny. ©Ici Beyrouth

Incarnée par Julie Depardieu, La Misérable, jouée au Studio Marigny, relate la vie méconnue de Juliette Drouet, compagne, muse et soutien indéfectible de Victor Hugo. Écrit par Catherine Privat et mis en scène par Stefan Druet Toukaïeff, le spectacle dévoile la relation singulière qui unit ces deux figures pendant un demi-siècle de passion, de dévotion et d’effacement.

La Misérable se joue actuellement au Studio Marigny, où Julie Depardieu redonne chair et voix à Juliette Drouet dans un seul en scène écrit par Catherine Privat  et mis en scène par Stephan Druet Toykaïeff. Le spectacle fait surgir de l’ombre cette femme restée cinquante ans dans le sillage de Victor Hugo, indispensable et pourtant oubliée.

Dans cette pièce, Julie Depardieu incarne une Juliette à la fois indocile et docile, muse et prisonnière, dévouée à l’homme qu’elle aimait au point de devenir sa copiste, son inspiratrice, son soutien le plus sûr. Catherine Privat tisse pour elle un récit intime, et Stefan Druet Toukaïeff modèle l’espace comme une mémoire vivante, avec une scénographie qui emprisonne et délivre à la fois, rappelant la chambre de bonne où Hugo l’a tenue quatorze ans pour «l’avoir rien qu’à lui».

Les costumes imaginés par David Belugou enveloppent Juliette de fragilité et de force mêlées, tandis que les lumières de Thomas Jacquemart sculptent chaque apparition comme une révélation. La musique de Beethoven, discrète mais insistante, accompagne le souffle du personnage, comme si elle guidait ses pas dans cette histoire secrète et passionnée.

Cent quarante ans après sa mort, Juliette Drouet trouve enfin sur scène l’espace qu’on lui a refusé de son vivant. Julie Depardieu raconte son amour, sa fidélité, son enfermement choisi, et les milliers de lettres qui ont tissé ce lien obsessionnel. Elle livre une confession longtemps tue, une vérité enfouie derrière le monument de Victor Hugo. «La misérable c’est la mise en lumière de l’ombre de Victor Hugo» dit l’actrice dans la bande annonce de la pièce.

La Misérable éclaire ainsi la part invisible de l’œuvre du poète, en donnant à voir celle qui, tapie dans l’ombre, ne cessa pourtant jamais d’être son étoile fixe. Juliette Drouet est cette femme que Victor Hugo a aimée à la folie et enfermée volontairement des années durant. Une passion les liait malgré le mariage de l’auteur et ses écarts amoureux. Juliette a occupé une place dans l’ombre à l’abri de la lumière de l’auteur connu. Elle était sa muse. Il s’est inspiré d’elle pour divers personnages, notamment celui de Fantine mais aussi celui de Cosette dans son œuvre Les Misérables. Les deux artistes ont partagé ensemble, et dans le noir, la douleur de la mort de leurs filles respectives, la seule fille de Juliette et la chère Léopoldine de Victor Hugo. Jamais elle ne le quitta. 

Actrice, elle a joué dans ses pièces jusqu’à ce qu’elle devienne, à la demande de l’auteur, recluse du monde et vouée à lui. On l’a décrite comme étant sous l’emprise de ce personnage si connu. Personne ne pourrait décortiquer le secret entre ces deux êtres qui s’aimèrent des années durant, à leur manière, à l’abri des yeux du monde. Mais ce qui est sûr, c’est que Juliette Rouet était bien évidemment sous une emprise unique, celle des mots puissants de Victor Hugo.

La mise en scène est naturaliste, dessinée dans la chambre de Juliette Drouet et basée sur le monologue de l’actrice seule en scène, appelée par la voix de Victor Hugo, qui surgit dans la lumière, la saisit et l’envahit de partout. À la fin de la pièce, Juliette Drouet est sublimée, alors qu’elle épouse les mots de Victor Hugo en voix off, en les murmurant, étendue sur son lit, sa lettre entre les mains. Puis elle se lève et part dans un monologue émotionnel et déchaîné: celui d’une femme qui a aimé.

 

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