Mettre fin à la manne iranienne du Hezbollah
©Ici Beyrouth

Il est temps que les choses bougent pour couper l’herbe sous le pied du Hezbollah et stopper son plan de destruction systématique des fondements de l’État libanais, ou de ce qu’il en reste. 

John Hurley, sous-secrétaire américain au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, a d’ailleurs déclaré, la semaine dernière, qu’il existait aujourd’hui «une opportunité favorable» au Liban pour interrompre le financement iranien du Hezbollah et exercer une pression sur la milice afin qu’elle dépose les armes.

«Les États-Unis cherchent à tirer parti de cette opportunité», a-t-il ajouté.

Transfert d’un milliard de dollars au Hezbollah

M. Hurley a révélé dans un entretien accordé vendredi à l’agence Reuters que l’Iran était parvenu à transférer près d’un milliard de dollars au Hezbollah cette année, malgré une série de sanctions occidentales ayant lourdement affecté son économie.

«Il y a actuellement un moment décisif au Liban. Si nous pouvions convaincre le Hezbollah de déposer les armes, le peuple libanais pourrait retrouver son pays», a affirmé Hurley, ajoutant que «la clé pour y parvenir est de mettre fin à l'influence et au contrôle iraniens, qui commencent par tout l'argent qu'ils injectent dans le Hezbollah».

Et de poursuivre: «Même si l’économie iranienne est en difficulté, Téhéran continue d’injecter d’importantes sommes d’argent dans ses proxies terroristes.»

Une délégation américaine au Liban

M. Hurley fait partie d’une délégation américaine en tournée dans plusieurs pays – dont la Turquie, le Liban, les Émirats arabes unis et Israël – visant à traquer les réseaux de financement de l’Iran dans la région et à empêcher le transfert de fonds vers ses branches armées.

Selon des sources proches du dossier, la délégation américaine, en visite samedi à Beyrouth, a cherché à recueillir des informations sur les circuits de financement du Hezbollah, dans un contexte de renforcement des contrôles sur les transferts d’argent via le système bancaire et l’aéroport international de Beyrouth (AIB). Elle s’est également enquise des mesures que les autorités libanaises envisagent pour freiner les flux financiers en provenance d’Iran.

Le ministère des Finances reconnaît que certaines initiatives conjointes de la Banque du Liban (BDL) et des autorités locales ont contribué à restreindre ces flux, sans toutefois parvenir à les éradiquer, la prépondérance du cash dans l’économie libanaise continuant de faciliter ces transferts.

Changeurs et sociétés de transfert d’argent dans le viseur

Dans ce contexte, une source au sein de la BDL a indiqué que l’institution compte durcir les conditions d’exploitation des portefeuilles électroniques et des sociétés de transfert d’argent, dont le nombre s’élève à dix-huit. Ces sociétés devront désormais approvisionner leur compte auprès de la Banque centrale à chaque ouverture d’une nouvelle agence, a précisé la même source, citant le cas d’une entreprise disposant à elle seule d’environ 1.800 points de service à travers le pays.

D’autres sources rapportent que certaines entités obtiendraient une licence de la BDL pour un nombre limité d’opérations avant de fermer leurs portes et de revendre ce précieux agrément à prix fort.

Rappelons qu’à la fin de la semaine dernière, Washington a imposé des sanctions à deux individus accusés d’avoir utilisé des bureaux de change pour financer le Hezbollah, classé organisation terroriste par plusieurs pays occidentaux et arabes du Golfe.

Ce qu’en disent le Financial Times et le Wall Street Journal

Le Financial Times a révélé fin octobre que des associations liées au Hezbollah utilisaient des portefeuilles numériques et des sociétés de transfert d’argent libanaises, telles que Whish Money et OMT, pour contourner les sanctions et collecter des fonds.

Les journalistes du quotidien britannique affirment avoir vérifié plusieurs comptes encore actifs et obtenu des preuves de transferts internationaux, notamment depuis la République du Congo. Cette enquête relance le débat sur la vulnérabilité des paiements numériques au Liban.

Dans le même esprit, un article du Wall Street Journal rapporte que le Hezbollah aurait bénéficié de transferts d’importantes sommes en espèces envoyées de l’Iran via l’AIB. Le journal affirme que des diplomates iraniens et des ressortissants turcs auraient transporté des valises remplies de dollars, destinées à financer les activités de la milice.

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