Avec l’absence de négociations, de supervision internationale et de transparence sur les stocks d’uranium iranien, de nombreux acteurs régionaux redoutent qu’une nouvelle guerre entre Israël et l’Iran ne soit plus qu’une question de temps.
Dans un article publié le 9 novembre, le New York Times rapporte que, malgré les déclarations du président américain Donald Trump affirmant que les frappes américaines de l’été ont «anéanti» le programme d’enrichissement iranien, plusieurs responsables régionaux et experts doutent désormais de cette version.
Le plan de 2015 sur le nucléaire iranien, arrivé à expiration en septembre, n’étant plus en vigueur, les sanctions ont été rétablies et aucune négociation n’est aujourd’hui en cours. Selon les sources citées par le quotidien américain, Téhéran disposerait encore d’une réserve d’uranium hautement enrichi suffisante pour produire jusqu’à onze armes nucléaires.
Si l’Iran affirme que ce stock a été détruit sous les décombres des frappes, Israël estime au contraire qu’il a été déplacé vers un lieu sûr. Parallèlement, Téhéran poursuivrait ses travaux sur un nouveau site d’enrichissement, connu sous le nom de «Pickaxe Mountain», auquel il refuse l’accès aux inspecteurs internationaux.
Cette situation crée un équilibre dangereux et conduit de nombreux pays du Golfe à juger quasi inévitable une nouvelle attaque israélienne, Israël considérant le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle.
Selon Ali Vaez, directeur du projet Iran à l’International Crisis Group, cité par le New York Times, l’Iran se préparerait activement à une riposte massive en cas d’attaque. «Les usines de missiles tournent 24 heures sur 24», affirme-t-il, précisant que Téhéran espérerait pouvoir tirer 2 000 missiles simultanément pour saturer la défense israélienne, contre 500 en juin dernier.
Le journal rappelle qu’aucune attaque imminente n’est confirmée, mais qu’Israël «considère le travail inachevé». Selon l’analyste H.A. Hellyer, également cité par le New York Times, «les Israéliens estiment ne pouvoir contenir le programme iranien que par la force, les négociations ayant échoué».
Un Iran affaibli mais pas hors jeu
Le quotidien américain souligne qu’après l’effondrement du régime Assad en Syrie, en décembre 2024, l’Iran se retrouve plus isolé que jamais, tandis que les puissances arabes, notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis, renforcent leur influence à Washington et auprès du président Donald Trump. Cependant, ces pays cherchent à préserver un canal avec Téhéran, conscients que, même affaibli, l’Iran garde la capacité de semer l’instabilité via ses alliés au Liban, en Irak, au Yémen et dans le Golfe.
«L’Iran est plus faible qu’il ne l’a été depuis l’invasion américaine de l’Irak, mais pas au point d’être hors jeu», explique, au New York Times, Suzanne Maloney, du Brookings Institution. Un Iran affaibli peut devenir, selon elle, plus dangereux dans sa vulnérabilité.
Dialogue rompu et rhétorique de défi
Le quotidien rappelle, à cet égard, que l’ayatollah Ali Khamenei a affirmé que «la nature arrogante des États-Unis n’accepte rien d’autre que la soumission», fermant ainsi la porte à tout dialogue direct avec Washington. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a pour sa part rejeté les conditions américaines jugées «inacceptables», tout en laissant entendre que des pourparlers indirects restaient possibles si les États-Unis garantissaient la fin des pressions militaires et économiques. Une exigence refusée par Washington.
M. Araghchi a également menacé Israël de «conséquences graves» en cas de nouvelle attaque.
Se référant à l’Agence internationale de l’énergie atomique, le New York Times souligne que la majorité du stock iranien d’uranium enrichi aurait survécu aux frappes américaines, bien que son emplacement demeure inconnu sans inspections.
Pendant que les regards restent tournés vers Gaza, les pays arabes renforcent leurs alliances militaires. C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite a signé un traité de défense mutuelle avec le Pakistan en septembre, tandis que le Qatar bénéficie déjà de garanties sécuritaires américaines.
Comme le conclut Sanam Vakil de Chatham House, citée par le New York Times, «l’affaiblissement et l’isolement de l’Iran offrent une fenêtre d’opportunité pour un compromis», mais le risque demeure que, lors d’un nouveau round de confrontation, Téhéran réagisse avec moins de retenue que par le passé.



Commentaires