La remontée des dépôts de l’État libanais auprès de la Banque du Liban (BDL), estimés à près de 800 millions de dollars, marque une embellie financière dans un contexte de crise prolongée depuis 2019. Une bouffée d’oxygène, certes, mais loin d’un véritable redressement structurel des finances publiques. Ce regain témoigne surtout d’un début de réorganisation des relations entre le Trésor et la Banque centrale — ce qui n’est pas une mince affaire.
Un sursaut de discipline budgétaire
Cette accumulation s’explique avant tout par une plus grande rigueur dans les dépenses publiques, imposée par la chute de la capacité de l’État à dépenser en devises étrangères. Le ministère des Finances a ainsi adopté une austérité contrainte, limitant les dépenses aux postes essentiels, principalement en livres libanaises.
En parallèle, la hausse des recettes en dollars cash — issues des droits de douane, taxes à l’importation et revenus des institutions publiques (Électricité du Liban, télécommunications, aéroport) — a renforcé la trésorerie. La réduction des subventions sur les carburants, le blé et les médicaments, conjuguée aux ajustements monétaires de la BDL (fin de la plateforme Sayrafa, unification du taux de change), a également allégé la pression sur les réserves.
Vers un audit des subventions
Dans cette logique de consolidation fiscale, le ministre des Finances, Yassine Jaber, a récemment annoncé avoir reçu de la BDL les données actualisées sur les subventions. Il a ordonné à l’administration fiscale de vérifier, d’ici au 31 janvier 2026, les montants perçus par les entreprises et associations bénéficiaires, conformément à une décision conjointe avec le ministre de la Justice. Cette initiative s’inscrit dans une démarche de transparence et de rationalisation des dépenses publiques.
Des progrès encore fragiles
Malgré ces signes encourageants, la prudence reste de mise. Le solde de 800 millions de dollars demeure modeste à l’échelle d’un État : il ne couvrirait que quelques semaines de dépenses publiques. Sans stratégie claire ni réformes structurelles, cet excédent risque de s’évaporer rapidement.
Certaines sources évoquent d’ailleurs la possibilité que cette hausse provienne de transferts ponctuels ou de comptes consolidés, plutôt que d’un véritable excédent de recettes.
En somme, cette amélioration traduit une discipline budgétaire naissante, mais non une reprise durable. Les faiblesses structurelles demeurent : production atone, absence de budget formel, lenteur des réformes dans les secteurs clés comme l’électricité et l’administration. Le défi, désormais, sera de transformer cet équilibre précaire en dynamique de confiance — première étape indispensable vers une reprise économique réelle au Liban.




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