Pour la première fois depuis son retour au pouvoir, Donald Trump reçoit vendredi Viktor Orban à la Maison Blanche, où le dirigeant nationaliste hongrois espère obtenir la mansuétude du président américain sur le pétrole russe.
Le mois dernier, les États-Unis ont imposé des sanctions aux deux plus grands producteurs de pétrole russes - Rosneft et Lukoil - face au refus de la Russie de mettre fin à la guerre en Ukraine. Et ils ont réclamé aux pays comme la Hongrie de se «sevrer» des sources d'énergie russes.
Or le pays d'Europe centrale dépend fortement du pétrole russe.
M. Orban sera accompagné d'une délégation importante, incluant six ministres, dont ceux de l'Économie et de la Défense.
M. Orban avait rendu visite trois fois l'année dernière à M. Trump, mais à chaque fois dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, dont deux fois avant la réélection de M. Trump.
Rare dirigeant de l'Union européenne (UE) proche à la fois du président américain et du président russe Vladimir Poutine, M. Orban a déclaré qu'interdire aux Européens d'importer des hydrocarbures russes était une erreur «du point de vue hongrois».
La décision de M. Trump met en effet en difficulté son «ami» d'Europe centrale, qui comme les dirigeants slovaques, n'a pas cherché à diversifier massivement ses importations depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022.
Geste «symbolique»
Washington a donné un mois aux entreprises occidentales pour rompre leurs liens avec les groupes russes, sous peine de leur interdire l'accès aux banques, assureurs, négociants et expéditeurs américains, qui forment l'ossature du marché des matières premières.
Une mauvaise nouvelle pour le Premier ministre hongrois à quelques mois de la tenue d'élections législatives, que M. Orban, au pouvoir depuis 2010, n'est pas sûr de remporter, selon les sondages.
Washington a fait des gestes comme la levée des sanctions contre le principal conseiller de M. Orban, Antal Rogan, et a restauré le statut du pays dans un programme de dispense de visa.
Mais les taxes douanières qu'il a imposées à l'UE frappent déjà lourdement l'industrie automobile hongroise orientée vers l'exportation.
«Depuis la réélection du président Trump, de nouvelles perspectives se sont ouvertes dans les relations hongro-américaines,» a posté le Premier ministre hongrois sur Facebook jeudi, saluant un «nouveau chapitre».
Vendredi dernier, il avait déclaré qu'il chercherait à convaincre Donald Trump d'exempter la Hongrie des sanctions visant Rosneft et Lukoil.
Daniel Hegedus, expert de l'Europe centrale et orientale auprès du German Marshall Fund, n'exclut pas que le président américain fasse un geste «symbolique».
«Il a déjà prouvé qu'il était prêt à aider ses alliés idéologiques», en particulier à l'approche d'élections, rappelle-t-il l'AFP.
«Je m'attends à ce qu'il offre» un cadeau permettant à Viktor Orban de rentrer «victorieusement chez lui», dit-il, d'autant que «son administration soutient activement les forces politiques qui divisent l'UE».
M. Orban - qui a refusé d'envoyer une aide militaire à l'Ukraine et s'oppose à la candidature de Kiev à l'UE - affronte régulièrement les instances européennes sur des questions de respect de l'État de droit notamment.
Le dirigeant hongrois devrait aussi profiter de son voyage à Washington pour plaider l’accueil d’un sommet américano-russe sur l'Ukraine, annoncé en octobre comme devant se tenir à Budapest mais que M. Trump a reporté sine die.
AFP



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