Margaret Atwood, reine des lettres canadiennes, publie ses «Mémoires écarlates»
La poétesse et romancière canadienne Margaret Atwood assiste à la cérémonie des Glamour Women of the Year Awards 2019, au Alice Tully Hall du Lincoln Center, à New York, le 11 novembre 2019. ©Angela WEISS / AFP

Figure majeure de la littérature canadienne et du féminisme anglophone, Margaret Atwood publie ce jeudi Le livre des vies, mémoires écarlates, une autobiographie foisonnante où elle revient sur son enfance dans les forêts de l’Ontario, son parcours d’écrivaine engagée et l’écho mondial de La servante écarlate. À 86 ans, l’autrice livre un regard lucide sur son époque, entre souvenirs intimes, réflexion sur la création et inquiétude face à la montée des autoritarismes.

L'écrivaine emblématique du Canada anglophone, Margaret Atwood, sort jeudi son autobiographie, dans laquelle elle raconte son enfance dans les bois, ses combats féministes et l'immense succès de son roman culte, La servante écarlate.

«Je traverse le temps qui passe et, lorsque j'écris, le temps qui passe me traverse», écrit Margaret Atwood, 86 ans, en introduisant Le livre des vies, mémoires écarlates (The book of lives en anglais), publié par Robert Laffont en France.

Elle ne cache pas que sa mémoire défaille parfois. «Les souvenirs peuvent être précis mais fantaisistes», écrit-elle.

Le livre est épais: près de 600 pages retraçant une vie riche, rythmée par une cinquantaine de romans, d'essais et de recueils de poèmes publiés. Traduite dans de nombreuses langues, elle a remporté de prestigieux prix littéraires, dont le britannique Booker Prize.

Forte du succès de ses livres, Margaret Atwood est fréquemment intervenue dans le débat public dans son pays et le monde anglophone.

À la fin de son autobiographie, elle exprime sa crainte que prenne fin «l'époque optimiste» qu'elle a connue, «car l'autoritarisme progresse, même au sud de la frontière canadienne», faisant ainsi référence aux États-Unis sous la présidence de Donald Trump.

Pessimiste dynamique

Publié en 1985, La servante écarlate (The Handmaid's Tale) est souvent considéré comme un roman prophétique, surtout après être devenu un succès planétaire en étant adapté en série télévisée en 2017.

Cette dystopie décrit une Amérique transformée en dictature patriarcale, Gilead, où des femmes, encore fertiles malgré les ravages de la pollution, deviennent des esclaves sexuelles au service de familles stériles.

Le costume des «Servantes», capes rouges et coiffes blanches, s'est imposé comme un signe de ralliement des opposants à Donald Trump, surtout au cours de son premier mandat.

«Il est certain que cette œuvre a terrifié et ébranlé des générations de jeunes lecteurs», reconnait la romancière dans ses mémoires. Elle attendra 34 ans pour en donner une suite, avec Les Testaments, publié en 2019.

L'œuvre de Margaret Atwood «est tout ce qu'il y a de plus sérieux, profondément ancrée dans les préoccupations d'aujourd'hui, crise climatique, économique, sociale… Mais il y a aussi son humour et son sens de l'intrigue», résume Christine Evain, spécialiste de la romancière, dans un Cahier de l'Herne entièrement consacré à la Canadienne, qui y est qualifiée de «pessimiste dynamique».

«C'est en écrivant qu'on devient écrivain. Il n'y a pas d'autre moyen», a affirmé Margaret Atwood, citée dans le Cahier de l'Herne par l'écrivain John Irving.

Dans ses mémoires, Margaret Atwood, née à Ottawa le 18 novembre 1939, raconte avec nostalgie sa jeunesse atypique avec des parents originaux, son père étant entomologiste.

Elle a connu une grande liberté en grandissant dans une cabane éclairée au kérosène au milieu d'une forêt de l'Ontario. Ce qui a stimulé son imagination et son goût des histoires.

Elle a écrit ses premiers contes à six ans, fascinée par ceux de Grimm, et n'est entrée véritablement à l'école qu'à l'âge de onze ans.

Par Jérôme RIVET / AFP

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