L’ancien roi d’Espagne Juan Carlos confie ses blessures et ses regrets dans Réconciliation, un livre écrit avec Laurence Debray et publié en France. Exilé depuis 2020, il y évoque ses erreurs, son exil et son rêve de revenir mourir en Espagne.
Il rêve de revenir dans son pays et reconnaît des erreurs: l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos, contraint à l’exil après plusieurs scandales, se décrit comme un «homme meurtri» dans ses mémoires inédits publiés mercredi en France et coécrits avec l’écrivaine Laurence Debray.
«Il n’y a pas un jour où la nostalgie ne m’a pas envahi. Comme si l’Espagne me collait à la peau», assure l’ancien monarque âgé de 87 ans, exilé depuis 2020 aux Émirats arabes unis. Il confie avoir eu très peur«de disparaître sans avoir pu tout raconter, tout expliquer».
Dans ce livre de 500 pages écrit à la première personne et intitulé Réconciliation (Stock), Juan Carlos, qui a abdiqué en 2014, reconnaît des «erreurs», comme sa relation avec l’une de ses maîtresses, l’aristocrate allemande Corinna Larsen, qu’il évoque sans la nommer.
«Je ne peux pas éluder cette affaire puisqu’elle a eu un impact malheureux sur mon règne et mon destin. Mais c’est à contrecœur que je l’aborde. Et ce sera sûrement l’unique fois», confie Juan Carlos.
Ils étaient ensemble au Botswana en 2012 lors d’une partie de chasse au cours de laquelle le roi avait été blessé, un incident qui avait provoqué un tollé dans un pays alors plongé dans la crise économique et contribué à ternir la réputation du monarque.
L’ancien roi revient aussi sur les nombreux cadeaux reçus pendant son règne et qualifie de «grave erreur» le fait d’avoir accepté un don de 100 millions de dollars de la part du roi Abdallah d’Arabie saoudite. «C’est un cadeau que je n’ai pas su refuser.»
«Il dit publiquement qu’il regrette certaines choses. C’est assez explicite», souligne auprès de l’AFP Laurence Debray, qui s’est entretenue en français avec Juan Carlos, lequel parle selon elle «un beau français ancien».
«C’est sa version, sa vérité, c’est vraiment l’Histoire avec un grand H, mais décrite de l’intérieur, de son point de vue personnel», selon elle.
L’écrivaine, qui avait déjà écrit une biographie du monarque en 2013 et l’avait interrogé pour un documentaire juste avant son abdication en 2014, s’est installée en septembre 2022 à Abou Dhabi pour rédiger ses mémoires.
Revenir à la maison
Juan Carlos avait accédé à la tête de l’État espagnol en 1975, après la mort du dictateur Franco, qui l’avait désigné pour être son successeur.
Il a été une figure majeure de la scène internationale, saluée et respectée pendant des décennies, pour avoir permis le retour de la démocratie en Espagne.
Peu avant le décès de Franco, «j’étais assis à ses côtés, sur son lit d’hôpital. Il m’a pris la main et m’a dit comme dans un dernier souffle: Altesse, je vous demande une seule chose: maintenez l’unité du pays. J’avais donc les mains libres pour enclencher des réformes», raconte-t-il.
Avec AFP



Commentaires