FMI-gouvernement libanais: les dettes?…quelles dettes ?
©Ici Beyrouth

Il faut reconnaître au FMI une qualité première : la constance dans les mauvaises préconisations. Les gouvernements passent, les guerres se succèdent, et la vénérable institution s’accroche à ses tableaux Excel. Avec l’oreille bienveillante de ministres libanais. Notamment celui des finances. Le Fonds monétaire international, ce grand médecin des économies malades, semble avoir décidé de traiter le Liban selon une recette expérimentale : soigner le malade en lui retirant le sang.

C’est une forme d’austérité nouvelle, une cure d’amnésie comptable où l’on efface les dettes de l’État en liquidant, dans le même temps, les dépôts des citoyens. Une saignée digne des médecins de pacotille du Moyen Âge, qui maîtrisaient l’art de tuer toute personne souffrante. 

Le FMI persévère, imperturbable, dans son projet, en collaboration avec le gouvernement libanais. Son idée fixe ? Faire passer l’État libanais pour un organisme « sain », quitte à déclarer cliniquement morts ceux qui vont perdre leurs économies ainsi que le système bancaire. Son but : purger les dettes de l’État et refiler l’ardoise aux banques et aux déposants.

Au lieu d’affronter la racine du mal, la corruption d’État et les décennies de gaspillage public, il est tellement plus simple  de repeindre la façade : un État sans dettes, fardé de crédibilité artificielle, tandis que les épargnants sont transformés en variables d’ajustement. 

Le plus curieux, c’est que cette logique contredit ses propres dogmes. Partout ailleurs, le FMI commence par s’attaquer aux excès du secteur public, souvent tentaculaire. C’est le cas au Liban : le nombre de fonctionnaires y est pléthorique. Beaucoup ne doivent leurs postes qu’à leur affiliation confessionnelle ou politique. Pourtant, au lieu de «dégraisser le mammouth», on s’acharne contre le secteur privé, celui qui tient encore le pays, et ce qui reste de son économie, à bout de bras. Le scalpel du FMI frappe : sur les dépôts et les banques. 

Le FMI semble vouloir prouver qu’il est aussi persévérant que l’État libanais dans l’art de ne jamais apprendre de ses erreurs. On aurait pu espérer qu’il vienne imposer la transparence, encourager la réforme, assainir le système. Mais non : il préfère entériner la faillite morale du pays, en la rebaptisant « gap law ». 

Le Liban, jadis pays de banques et de confiance, devient un laboratoire de l’oubli économique. Et dans ce laboratoire, le FMI et ses amis jouent les chimistes fous : ils distillent des solutions miracles qui ne guérissent que sur le papier, pendant que la société, elle, continue de se dissoudre, avec la complicité active d’une partie du gouvernement libanais.

Comme le disait le satiriste Chamfort : «Quand on ne veut pas guérir, tous les remèdes sont mauvais.»

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