Deux ans après le déclenchement du conflit de Gaza, les États-Unis cherchent à établir un nouveau cadre de stabilité pour l’enclave.
Washington a transmis lundi au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution visant à créer une force internationale de stabilisation chargée d’assurer la sécurité et la gouvernance transitoire du territoire palestinien jusqu’à la fin de 2027.
L’idée d’une telle force remonte toutefois à plusieurs mois. Comme le souligne l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), elle s’inscrit dans la continuité de réunions tenues à Abou Dhabi dès 2023, auxquelles participaient Tony Blair (ancien Premier ministre britannique), Jared Kushner (ancien conseiller de Donald Trump), Ron Dermer (ministre israélien des Affaires stratégiques) et Mohamed Dahlan (ancien haut responsable du Fatah).
Ces rencontres, organisées sous l’égide d’Abou Dhabi, visaient déjà à réfléchir à un scénario de gouvernance post-conflit à Gaza et à une éventuelle coopération régionale en matière de sécurité.
Ces discussions exploraient différents scénarios et une coopération régionale encadrée par les États-Unis. Le plan en vingt points présenté par Donald Trump en septembre en reprend plusieurs principes, notamment la création d’une mission multinationale chargée de la sécurité.
Une force au mandat ambitieux
Le texte transmis au Conseil de sécurité prévoit une force temporaire, soutenue par plusieurs pays partenaires, pour sécuriser Gaza, superviser le désarmement des groupes armés et garantir la protection des civils. La mission accompagnerait aussi la formation d’une nouvelle police palestinienne, en coordination avec les pays voisins, dans le but de préparer un retour progressif de l’Autorité palestinienne.
Cette transition serait encadrée par un Conseil pour la paix à Gaza, présidé par Donald Trump, et appuyé par un comité de technocrates palestiniens chargé de gérer les affaires civiles. Ce dispositif vise à éviter un vide administratif tout en posant les bases d’une administration palestinienne réformée.
Selon le Washington Institute, la mise en place rapide de cette force est essentielle pour éviter que des groupes armés ne profitent du vide sécuritaire. Le think tank insiste sur la nécessité d’un mandat clair et d’une coordination étroite entre la mission internationale, les forces palestiniennes et les autorités israéliennes.
Le débat autour du mandat onusien
La question du mandat de la mission divise encore les diplomaties. La Jordanie, l’Allemagne et l’Indonésie plaident pour que la force soit placée sous mandat explicite du Conseil de sécurité, garantissant sa légitimité en droit international.
Le Washington Institute estime qu’une résolution fondée sur le chapitre VI de la Charte des Nations unies, axée sur la coopération, serait préférable à une résolution du chapitre VII, qui autoriserait le recours à la force. Une approche diplomatique, selon l’institut, éviterait d’ajouter un volet coercitif à un dossier déjà sensible.
Washington souhaite toutefois que la mission dispose d’une marge d’action suffisante pour imposer la stabilité et garantir la mise en œuvre du plan.
Israël, de son côté, soutient le principe d’une force internationale, mais souhaite que son mandat reste compatible avec ses impératifs sécuritaires. Les autorités israéliennes ont indiqué qu’elles ne s’opposaient pas à la présence arabe et musulmane, à condition qu’elle exclue certains pays jugés hostiles, comme la Turquie.
Désarmement et stabilité : les défis à venir
L’une des priorités du plan reste la démilitarisation complète de la bande de Gaza, condition préalable à tout retrait israélien total. Pour le Washington Institute, la force internationale devra éviter de reproduire les limites de la Finul au Liban, incapable d’empêcher le réarmement du Hezbollah.
La mission devra donc combiner maintien de l’ordre, lutte contre la contrebande et sécurisation des corridors humanitaires, tout en soutenant le développement d’une police palestinienne capable, à terme, de reprendre ces tâches.
Plusieurs pays – dont l’Indonésie, l’Azerbaïdjan, le Pakistan et l’Égypte – ont exprimé leur intérêt pour y contribuer, sans engagement ferme pour l’instant. Un centre de coordination militaro-civile a déjà été ouvert à Kiryat Gat, dans le sud d’Israël, sous direction américaine, avec la participation de soldats britanniques et français.
La composition définitive, le financement et la durée exacte du mandat restent à définir. Les discussions au Conseil de sécurité devraient se poursuivre dans les prochaines semaines.
La future force internationale à Gaza se veut un outil de transition, destiné à restaurer la sécurité et à permettre la reconstruction. Son efficacité dépendra toutefois de l’équilibre entre légitimité internationale, coordination régionale et acceptation locale.
Dans une région encore marquée par la méfiance, la réussite de cette mission reposera sur sa capacité à garantir la sécurité des civils tout en préparant le terrain à une gouvernance palestinienne durable.




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