Les services de renseignement israéliens observent une activité inhabituelle du Hezbollah, pendant que Téhéran appelle à la vigilance et à la défense… de la souveraineté libanaise. Ironie du sort, c’est justement au nom de cette même souveraineté que le Liban s’enlise depuis octobre 2023, date de l’offensive du Hamas contre Israël, dans une guerre qui n’est pas la sienne.
Selon un article du quotidien israélien Maariv datant du 2 octobre, l’armée israélienne a relevé une intensification des mouvements attribués à des membres du Hezbollah dans plusieurs zones du Liban: au nord du Litani, dans la Békaa et jusque dans la banlieue sud de Beyrouth. Ces observations laissent penser que la formation pro-iranienne s’emploie, d’une part, à reconstruire sa force al-Radwan, unité d’élite décimée en partie par les frappes israéliennes et, d’autre part, à remettre la main sur des stocks d’armes dissimulés dans des caches partiellement détruites.
Toujours d’après Maariv, le Hezbollah mènerait une «opération à deux volets»: restaurer ses capacités militaires tout en évitant la confrontation directe. Une stratégie prudente, presque feutrée, visant à rétablir l’équilibre de dissuasion sans déclencher un nouveau cycle de feu.
À Jérusalem, les signaux d’alerte s’accumulent. Plusieurs responsables israéliens estiment qu’un scénario de type «7 octobre» ne doit en aucun cas se reproduire sur la frontière nord. L’opposition, elle, appelle à maintenir un niveau de préparation maximal face à un ennemi «renforcé et réorganisé».
Pendant ce temps, à Téhéran, on condamne les «menaces injustifiées» d’Israël et l’«ingérence américaine», accusée de semer la violence dans la région. Le ministère iranien des Affaires étrangères a rappelé, lundi, que «le Liban, en tant qu’État souverain et indépendant, a le droit de se défendre». Un rappel de principe vertueux, si ce n’est qu’il vient d’un pays dont la présence militaire, politique et idéologique au Liban a largement contribué à priver Beyrouth de cette même souveraineté qu’il prétend défendre.
«Nous vivons dans une région où il est impératif de maintenir un haut niveau de préparation», poursuit le ministère iranien. Un conseil que le Hezbollah semble avoir pris au pied de la lettre, réorganisant ses forces, renforçant ses réseaux logistiques et consolidant sa présence au nord du Litani - sous le regard inquiet, mais impuissant, d’un État libanais réduit au rôle de spectateur.
Entre temps, aucune réaction officielle n’a émané de Beyrouth. Sur le terrain, le calme reste précaire, suspendu à un fil. Le moindre incident pourrait rallumer une confrontation ouverte entre Israël et le Hezbollah, dans un contexte régional déjà hautement inflammable.



Commentaires