La bête est morte, chef-d’œuvre résistant exposé à la BnF
À la BnF, «La bête est morte» renaît: une fable animalière résistante et bouleversante sur la Seconde Guerre mondiale. ©Éditions Gallimard - site officiel de la BnF

La Bibliothèque nationale de France présente pour la première fois les planches originales de La bête est morte, bande dessinée clandestine réalisée durant la Seconde Guerre mondiale. Cette œuvre unique, à la fois satire et témoignage, mêle la fable animalière à la mémoire de l’Occupation.

Après les avoir acquises en début d’année, la Bibliothèque nationale de France (BnF) expose jusqu’en février les planches de La bête est morte, un trésor de la BD réalisé clandestinement durant la Seconde Guerre mondiale.

La bête est morte est «un chef-d’œuvre graphique» qui fait «le récit de la guerre en train de se jouer sous la forme d’une fable animalière», explique Carine Picaud, la commissaire de l’exposition, qui se tient sur le site Richelieu de la BnF à Paris jusqu’au 1er février.

Inspiré par les dessins animés de Walt Disney, le dessinateur Edmond Calvo y représente les Allemands en loups, avec à leur tête le «Grand Loup» Hitler et ses deux acolytes, le «Cochon décoré» (Göring) et le «Putois bavard» (Goebbels), les Soviétiques en ours, les Américains en bisons tandis que les Français sont écureuils, lapins ou cigognes.

«Ces figures animales permettent d’adoucir un peu» le propos du récit, qui «ne cache rien des horreurs» de l’Occupation de la France, des combats, de la torture ou des exécutions de masse, indique Carine Picaud.

«S’adressant d’abord aux enfants», cette BD est «la première à évoquer directement la déportation des juifs vers les camps de la mort», selon elle.

Les 77 planches de la BD ont été publiées en août 1944 puis en juin 1945, avec les scénaristes Victor Dancette et Jacques Zimmermann.

Elles ont été vendues début 2025 par les descendants d’Edmond Calvo (1892-1957) à la BnF pour 875 000 euros, une somme récoltée grâce à la mobilisation de plus de 2 400 personnes et mécènes, qui ont répondu à une souscription lancée par la BnF.

Après l’exposition, la BD sera conservée dans la réserve des livres rares de la BnF, en compagnie notamment des planches originales d’Astérix, dont le co-créateur et dessinateur Albert Uderzo considérait Calvo comme un maître.

En 2024, le cinéaste Mathieu Kassovitz avait indiqué étudier la réalisation d’un film d’animation s’inspirant de La bête est morte, publié en France par Gallimard.

Avec AFP

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