«Des vivants», la série qui ranime la lumière après l’horreur
Alix Poisson de la série «Des vivants». ©Wikipédia

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, la série Des vivants plonge dans la reconstruction des ex-otages du Bataclan. Portée par Jean-Xavier de Lestrade, elle met en scène la résilience d’un groupe soudé par le traumatisme et l’amitié.

Deux heures côte à côte dans un couloir face aux jihadistes le soir du 13 novembre 2015 et une amitié à jamais, unique et lumineuse: sur France TV, la série Des vivants raconte la lente reconstruction d’otages du Bataclan.
Ils se nomment entre eux les «Potages», contraction de «potes» et «otages». Ces personnes bien réelles ont inspiré ce récit puisé dans l’intime, en huit épisodes de 52 minutes, disponibles dès lundi sur france.tv et à partir du 3 novembre sur France 2.
Avec leur assentiment, Jean-Xavier de Lestrade, réalisateur réputé, s’est emparé de leurs vies pour en faire «une grande fresque» et dépasser l’effroi que suscitent encore les attentats, a-t-il expliqué devant la presse en septembre.
«Le moment du deuil est passé. Le moment de la justice est passé» et dix ans après, «c’est le moment de se souvenir et de partager à nouveau», estime celui qui a un temps hésité à plonger dans ce sujet.
Au casting figurent Benjamin Lavernhe, pensionnaire de la Comédie-Française, Alix Poisson, qui a joué dans la récente série Sambre du même Jean-Xavier de Lestrade, ainsi qu’Antoine Reinartz, vu dans Anatomie d’une chute, et encore Félix Moati et Anne Steffens.
La fiction s’est saisie ces dernières années des attentats de 2015 en France, à l’instar du film Novembre (2022) sur l’enquête policière, ou de la série Une amie dévouée portant sur une fausse victime. Des vivants s’attache pour la première fois au destin méconnu de ces otages.
Dans la série, «on n’a de cesse de passer de l’individuel au collectif», ce «collectif» des «Potages» qui les a «réparés», observe Antoine Lacomblez, coscénariste.
Avec Jean-Xavier de Lestrade, ils ont recueilli les témoignages de sept des onze otages, ceux devenus amis, de leurs conjoints, de la psychologue de la police et aussi du patron de la Brigade de recherche et d’intervention, qui a donné l’assaut ce soir-là.
Leur parole a été «respectée», sans aller jusqu’à la «révérence», dit le réalisateur, oscarisé pour son documentaire Un coupable idéal.
L’histoire démarre au sortir de la salle de concert à minuit trente, dans le fracas et la sidération post-libération.

«Sortir du couloir» 

Au fil des jours, semaines, mois, années, la série suit par touches leurs effondrements successifs et leurs sursauts.
Chacun va à son rythme sur le lent et tortueux parcours post-trauma: retour au travail ou délaissement, énergie folle ou repli sur soi, volonté d’aller de l’avant ou culpabilité qui ronge.
La bande d’amis, liés pour la vie, se retrouve régulièrement dans un bar pour échanger, se confier, et aussi rire et chanter.
Les profils sont divers, du jeune homme de cité HLM à l’ingénieur qui a gardé de la soirée une bille en métal dans le dos. Tous sont amateurs des Eagles of Death Metal, qui donnaient un concert ce soir-là.
Le 13 novembre 2015 est resté «sacré», «brûlant», d’où un certain «vertige» au tournage, relate Benjamin Lavernhe. Comme les autres acteurs, il a été «soulagé» de rencontrer le vrai Arnaud qu’il incarne, et de constater qu’il adhérait au projet télévisuel.
«On ne peut pas tricher avec un sujet pareil» et «on ne peut pas tricher non plus avec les décors», ajoute Jean-Xavier de Lestrade, qui a tourné plusieurs scènes au Bataclan et inséré quelques images qu’il avait prises au smartphone lors d’une commémoration.
Le huis clos du couloir de la prise d’otages est reconstitué avec fidélité, assaillants compris, et dévoilé peu à peu.
Et chaque «Potage» finit par «sortir du couloir» dans sa tête.
Lors de cette soirée, 90 personnes ont été tuées dans la salle de concert par trois jihadistes, tandis que deux autres commandos semaient la mort ailleurs dans Paris et ses environs. Au total, 130 personnes ont été tuées en quelques heures dans les attentats les plus meurtriers jamais commis en France.
France Télévisions va consacrer d’autres programmes aux dix ans de ces attaques, dont les documentaires Le choix de Sonia, 13 novembre: Les ricochets et 13 novembre, nos vies en éclat.

Par Anne Pascale REBOUL / AFP

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