
La Banque centrale de Syrie a accordé un délai de six mois aux établissements bancaires du pays pour provisionner intégralement leurs créances sur le secteur bancaire libanais, estimées à 1,6 milliard de dollars, selon une circulaire citée par Reuters.
La directive ne précise pas la nature exacte de ces expositions – dépôts, placements ou investissements financiers – rendant leur évaluation encore plus complexe. Ces montants, considérés comme des pertes potentielles par Damas, représentent une part importante des 4,9 milliards de dollars de dépôts du secteur bancaire commercial syrien, d’après les rapports financiers de 2024 publiés par la Bourse de Damas.
Durant la guerre civile, les banques syriennes s’étaient tournées vers le Liban, faute d’alternatives en raison des sanctions occidentales. Depuis la chute de Bachar el-Assad, ces restrictions ont été partiellement levées, mais la fragilité du système bancaire demeure.
Face à cette nouvelle exigence, plusieurs banques cherchent désormais de nouveaux investisseurs ou envisagent des acquisitions à l’étranger. «Elles doivent présenter un plan de restructuration crédible; le compte à rebours a commencé», a averti le gouverneur de la Banque centrale, Abdelkader Husriyeh, ajoutant que des partenariats avec des banques libanaises ou des institutions internationales restaient envisageables.
Une mesure comptable avant tout
Compte tenu du faible nombre de banques encore actives en Syrie et de l’ampleur des créances concernées, il est légitime de s’interroger sur leur capacité à supporter seules un tel fardeau financier – qui se chiffre à plusieurs centaines de millions de dollars par établissement.
Les banques libanaises, de leur côté, avaient déjà séparé leurs bilans et leurs opérations de tout ce qui concerne le secteur bancaire syrien, même avant 2019, afin d’éviter les répercussions des sanctions internationales. Elles ont néanmoins conservé une présence en Syrie à travers la détention de participations dans des établissements locaux, dans l’attente d’une amélioration du climat économique. On compte aujourd’hui quatre banques syriennes détenues en partie par des établissements bancaires libanais.
La circulaire de la Banque centrale syrienne, de nature strictement technique, ne revêt pas de dimension politique. Elle s’inscrit dans la mise en œuvre des normes IFRS 9, adoptées en 2018, qui ont marqué un tournant majeur dans la comptabilité bancaire mondiale. Ces standards ont profondément transformé la manière dont les banques évaluent leurs actifs, afin de rendre leurs bilans plus transparents et plus représentatifs des risques réels. Par rapport à l’ancien cadre IAS 39, les IFRS 9 ont aussi modernisé la comptabilité de couverture (hedge accounting), permettant une évaluation plus fidèle des stratégies de gestion des risques.
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