L’ostéoporose: l’autre fardeau silencieux
Ostéoporose: une maladie silencieuse, une prévention active. ©AFP

À l’occasion de la Journée mondiale de l’ostéoporose, Ici Beyrouth va à l’essentiel: les réflexes clés pour dépister, prévenir et traiter une maladie silencieuse mais lourde de conséquences après 50 ans. Campagnes IOF, dépistage ciblé, hygiène de vie, calcium et vitamine D adaptés au besoin: l’enjeu est d’éviter la première fracture.

L’ostéoporose fragilise l’os et expose aux fractures dites «de fragilité» (chute de sa hauteur, geste banal). Longtemps asymptomatique, elle se révèle souvent par une première fracture – vertèbre, poignet, hanche – qui en appelle d’autres si rien n’est fait. Chaque octobre, la Fondation internationale de l’ostéoporose (IOF) rappelle l’ampleur du fardeau et la nécessité d’un parcours systématique après fracture.

C’est quoi, l’ostéoporose?

Réduction de la masse et de la qualité de l’os, donc de sa solidité, avec risque fracturaire accru. Le diagnostic s’appuie sur la densitométrie (DXA): un T-score ≤ −2,5 au rachis ou à la hanche confirme l’ostéoporose, même sans fracture. Le «capital osseux» se constitue jusqu’à l’âge adulte, se maintient jusqu’à ~40 ans, puis décroît d’environ 1–2% par an; après la ménopause, la perte s’accélère sous l’effet du déficit œstrogénique.

Qui est le plus concerné?

Le risque augmente avec l’âge et la ménopause, mais les hommes sont aussi exposés. Après une fracture de hanche, la mortalité à un an reste élevée, souvent plus chez l’homme: vigilance.

Dépistage: qui, quand, comment?

• Femmes ≥ 65 ans: DXA recommandée.

• Femmes ménopausées < 65 ans: DXA si facteurs de risque (fracture de fragilité, corticothérapie prolongée, faible IMC, tabac, alcool, maladies inflammatoires, hyperthyroïdie, malabsorption, etc.).

• Hommes: pas de dépistage systématique, évaluation au cas par cas selon les facteurs de risque.

Affiner le risque: FRAX

Pour estimer le risque de fracture à 10 ans et guider la décision thérapeutique, l’outil FRAX (avec ou sans BMD) est largement utilisé en pratique.

Prévention: le socle non négociable

Préserver l’os, c’est associer une alimentation riche en calcium et suffisamment protéinée, une vitamine D adaptée au bilan (exposition solaire raisonnée et, au besoin, supplémentation) et une activité physique portante avec travail de l’équilibre pour limiter les chutes.

• Assiette: viser 1.000 à 1.200 mg de calcium par jour en privilégiant les aliments (produits laitiers, sardines avec arêtes, légumes verts, eaux minérales calciques), et assurer un apport protéique suffisant (viande, poisson, œufs ou alternatives végétales comme légumineuses, soja, céréales complètes).

• Vitamine D: exposition au soleil de façon mesurée; supplémentation si carence confirmée ou facteurs de risque, avec des repères usuels autour de 800 à 1.000 UI/j après 50 ans, à ajuster selon le bilan biologique et les comorbidités.

• Mouvement: 20 à 30 minutes quotidiennes d’activité portante (marche rapide, escaliers, danse), deux séances hebdomadaires de renforcement, et des exercices d’équilibre (yoga, tai-chi, proprioception) pour réduire le risque de chute.

• Hygiène de vie: arrêt du tabac, alcool modéré; limiter l’excès de sel et de café (maximum trois tasses par jour) qui augmentent les pertes urinaires de calcium; corriger les troubles visuels et sécuriser le domicile (éclairage, tapis, barres d’appui).

Le vieillissement osseux est universel, mais l’ostéoporose n’est pas inévitable: prévention et dépistage ciblé modifient réellement le risque.

Traitement: une stratégie, pas une liste

On traite en fonction du risque (DXA, FRAX, antécédent de fracture), pas «à vie» par défaut. Toute mise sous traitement s’accompagne d’une correction des carences, d’activité physique et d’une prévention active des chutes. Après une fracture, un parcours post-fracture (type Fracture Liaison Service) réduit nettement la récidive: c’est une urgence de prévention secondaire.

Idées reçues: vrai/faux

• «La vitamine D seule prévient les fractures»: faux chez l’adulte vivant à domicile et non carencé.
• «Le dépistage ne concerne que les femmes»: faux; chez l’homme, évaluer les profils à risque et la mortalité post-hanche.

Parole de patiente

Zeina N., 62 ans: «Une glissade dans la cuisine, fracture du poignet. Je n’avais jamais “pensé” à mes os. DXA, correction de ma vitamine D, démarrage d’un traitement, deux séances de renforcement par semaine, domicile sécurisé. Le déclic? Comprendre qu’une première fracture en appelle souvent d’autres si on n’agit pas vite.»

À retenir

Passé 50 ans, parlez dépistage à votre médecin (plus tôt si facteurs de risque), bougez, renforcez-vous, sécurisez votre environnement et couvrez vos besoins en calcium et vitamine D selon votre bilan: la meilleure fracture est celle qui n’arrive pas.

 

 

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