Léonard, Callas, Beethoven… Bientôt des icônes sur les billets d’euros?
©Ici Beyrouth

En 2026, la Banque centrale européenne prépare une refonte historique des billets en euros, qui pourrait faire entrer des figures majeures comme Léonard de Vinci, Maria Callas ou Beethoven dans le porte-monnaie des Européens. Mais le choix final n’est pas encore arrêté.  

La monnaie unique européenne s’apprête à vivre une révolution discrète, mais hautement symbolique. Près d’un quart de siècle après leur mise en circulation, les billets en euros vont être entièrement repensés, tant sur le plan esthétique que sécuritaire. Si le calendrier fixé par la Banque centrale européenne (BCE) est respecté, les nouveaux billets devraient être dévoilés à partir de 2026, au terme d’un vaste processus de consultation et de design, inédit dans l’histoire de la zone euro.

Depuis 2002, les billets en euros se distinguaient par leurs arches et ponts fictifs, censés symboliser l’unité européenne sans privilégier un pays ou une culture. Mais les temps changent: dans un contexte de recherche de sens et d’identité partagée, la BCE a décidé d’ancrer davantage la monnaie dans l’imaginaire collectif. Objectif: «mieux refléter l’histoire commune, la diversité culturelle et l’héritage intellectuel de l’Europe», tout en modernisant la sécurité des billets et leur accessibilité.

En janvier 2024, la BCE a annoncé le lancement d’une consultation publique à grande échelle, sollicitant aussi bien les citoyens que les experts du design, de la culture ou encore de la lutte contre la contrefaçon. Deux thèmes principaux ont émergé, reflétant deux visions de l’Europe: le premier, intitulé «Culture européenne», mettrait à l’honneur de grandes figures du continent ayant marqué les arts, la science ou la littérature. Le second, «Rivières et oiseaux», offrirait une approche plus naturaliste, en illustrant la diversité des paysages et de la faune d’Europe, tout en symbolisant la circulation, la résilience et la liberté.

«Culture européenne» vs «Rivières et oiseaux»

Pour l’heure, c’est bien le thème «Culture européenne» qui suscite le plus d’intérêt médiatique et citoyen. La BCE a, à titre exploratoire, proposé une liste de figures emblématiques susceptibles d’orner les futurs billets: Maria Callas, légende de l’opéra d’origine grecque, sur le billet de 5 euros; Ludwig van Beethoven, compositeur allemand universel, sur le billet de 10 euros; Marie Curie, pionnière franco-polonaise de la radioactivité, sur le billet de 20 euros; Miguel de Cervantès, père de Don Quichotte, sur le billet de 50 euros; Léonard de Vinci, génie italien de la Renaissance, sur le billet de 100 euros; et Bertha von Suttner, pacifiste autrichienne et première femme prix Nobel de la paix, sur le billet de 200 euros. D’autres personnalités pourraient s’ajouter à cette sélection, qui vise à respecter la parité et la diversité géographique, autant que la renommée.

Il est cependant important de préciser que ces noms ne sont pour l’instant que des propositions: le choix définitif du thème, comme des figures représentées, interviendra à l’issue d’un concours de design européen, actuellement en cours. Ce concours associe artistes, graphistes et experts en sécurité monétaire, pour concevoir à la fois l’iconographie et les éléments anticontrefaçon de la prochaine génération de billets. Par ailleurs, la BCE veille à ce que les billets futurs soient plus faciles à utiliser pour les personnes malvoyantes, tout en intégrant des critères de durabilité environnementale.

Le thème alternatif «Rivières et oiseaux» reste dans la course: il s’agirait alors d’illustrer chaque valeur faciale avec une grande rivière européenne (Danube, Loire, Rhin…) et une espèce d’oiseau emblématique, en misant sur le symbole du lien, du déplacement et de la diversité biologique. Cette approche, moins personnalisée, éviterait les débats sur la sélection des figures et renforcerait l’image d’une Europe unie par la nature autant que par la culture.

La décision finale de la BCE, attendue pour 2026, reposera sur les résultats du concours de design et sur une nouvelle consultation du public. Les premiers billets ne seront pas mis en circulation avant la validation des prototypes, les tests techniques et la production à grande échelle, ce qui pourrait reporter leur diffusion à la fin de la décennie.

Cette refonte répond à plusieurs enjeux: renforcer la sécurité des billets face aux risques de contrefaçon, rendre la monnaie plus accessible et représentative, et donner un nouveau souffle symbolique à l’euro, alors que l’Union européenne traverse une période de remise en question de son projet commun. Si le choix du «panthéon culturel» européen est confirmé, payer un café ou acheter un livre pourrait bientôt être l’occasion de croiser, entre ses doigts, le regard de Léonard de Vinci, le sourire de Maria Callas ou la plume de Cervantès. Mais la décision appartient encore, pour quelques mois, aux citoyens européens.

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