Des milliers de Palestiniens déplacés sont retournés samedi dans une Gaza City dévastée, au deuxième jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Certains étaient bouleversés par l’ampleur des destructions, tandis que d’autres étaient soulagés de retrouver leur maison intacte.

Israël a accepté la trêve vendredi et a retiré ses troupes de plusieurs zones, permettant à de longues colonnes de résidents épuisés de se diriger vers le nord le long de la route côtière.

Profitant de la trêve, Raja Salmi est retournée chez elle à Gaza City, où des semaines de bombardements israéliens et d’opérations terrestres avaient visé des zones supposées abriter des milliers de combattants du Hamas. «Nous avons marché des heures, chaque pas rempli de peur et d’inquiétude pour ma maison», a-telle déclaré à l’AFP. En arrivant dans le quartier d’Al-Rimal, elle a découvert sa maison détruite: «Elle n’existe plus. Ce n’est plus qu’un tas de décombres. J’ai pleuré devant, tous ces souvenirs ne sont plus que poussière».

Le flux de retours se poursuit : environ 50 000 personnes sont arrivées samedi à Gaza City, selon la défense civile, un service de secours placé sous l’autorité du Hamas. «Depuis hier, le total des retours s’élève à environ 250.000 personnes», a précisé Mohammed Al-Mughayyir, responsable de l’agence.

Dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu proposé par le président américain Donald Trump, le Hamas remettra les 47 derniers otages, vivants et décédés, sur les 251 enlevés lors de son attaque du 7 octobre contre Israël il y a deux ans. Les restes d’un autre otage détenu depuis 2014 devraient également être rendus.

En échange, Israël libérera 250 prisonniers purgeant des peines de réclusion à perpétuité et 1 700 Gazaouis détenus depuis le début de la guerre. La liste des prisonniers publiée ne comprend aucun des principaux leaders militants que le Hamas souhaite voir libérés.

«Destruction et encore destruction»

Le retrait des forces israéliennes de certaines zones, annoncé vendredi à 09h00 GMT, a déclenché un délai de 72 heures pour que le Hamas libère les otages, échéance prévue lundi matin.

Le Hamas et ses alliés, le Jihad islamique et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ont salué la trêve comme «un revers» pour Israël et ont déclaré vouloir «continuer à travailler avec les médiateurs pour garantir que l’occupation respecte les droits de notre peuple et mette fin à ses souffrances».

Vendredi, Donald Trump a exprimé sa confiance dans le maintien du cessez-le-feu, estimant que les deux camps étaient «fatigués des combats», et a confirmé son voyage prévu en Israël et en Égypte ce week-end.

Cependant, plusieurs points du plan Trump restent à finaliser, notamment la gouvernance post-guerre et le désarmement du Hamas, auxquels ce dernier s’oppose pour l’instant.

À l’hôpital Al-Rantisi, dédié aux enfants et aux malades du cancer, des images de l’AFP montrent des lits métalliques renversés, des plafonds effondrés et du matériel médical éparpillé. «Je ne sais que dire. Les images parlent d’elles-mêmes : destruction, destruction et encore destruction», a déclaré Saher Abu Al-Atta, un résident revenu dans la ville.

Avec la famine déclarée par l’ONU juste avant l’offensive israélienne, les agences humanitaires espèrent que la trêve leur permettra de fournir une aide massive. L’OCHA a obtenu l’autorisation d’Israël pour livrer 170 000 tonnes d’aide sur 60 jours. «Les besoins de base restent urgents : matériel médical, médicaments, nourriture, eau, carburant et abris pour deux millions de personnes face à l’hiver», explique Jacob Granger, coordinateur MSF à Gaza.

«Une ville fantôme»

Hommes, femmes et enfants naviguent dans des rues jonchées de décombres, à la recherche de maisons parmi les blocs de béton effondrés et les véhicules détruits.

Sami Musa, 28 ans, est retourné seul vérifier la maison de sa famille. «Dieu merci, elle tient encore, bien qu’endommagée, nous pourrons réparer», raconte-t-il. Mais il reste choqué par l’ampleur des destructions. «On aurait dit une ville fantôme, pas Gaza. L’odeur de la mort est encore dans l’air», ajoute-t-il, déterminé à reconstruire.

La campagne israélienne a fait au moins 67 682 morts selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, chiffre jugé crédible par l’ONU. Plus de la moitié des victimes seraient des femmes et des enfants.

La guerre a été déclenchée par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, qui a fait 1 219 morts, principalement des civils, selon un décompte AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.

AFP

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