
La pression s’est intensifiée samedi sur le Premier ministre français nouvellement reconduit, Sébastien Lecornu, pour faire adopter un budget d’austérité, alors que plusieurs partis menacent déjà de renverser un dirigeant dont le premier mandat n’a duré que 27 jours.
Dans une décision vivement critiquée, le président Emmanuel Macron a réinstallé Lecornu vendredi soir, quatre jours seulement après sa démission et l’effondrement d’un gouvernement qui n’avait tenu que 14 heures.
Âgé de 39 ans, Lecornu doit désormais former un cabinet et présenter lundi le projet de budget 2026, dans l’espoir de mettre fin à des mois de paralysie politique et de réduire la dette publique.
Mais son nouveau gouvernement est déjà fragilisé: sa reconduction a suscité la colère de tout l’échiquier politique et des engagements à le faire tomber dès que possible.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a qualifié la reconduction de Lecornu de «mauvaise blague» et a annoncé qu’il chercherait immédiatement à renverser le cabinet.
Le ministre de l’Intérieur sortant, Bruno Retailleau (LR), a exhorté les membres de son parti à «ne pas participer» au prochain gouvernement.
Les socialistes, considérés comme groupe pivot à l’Assemblée, ont déclaré n’avoir «aucun accord» avec Lecornu et ont prévenu qu’ils le feraient tomber s’il refusait de suspendre la réforme des retraites de 2023 qui a relevé l’âge légal de 62 à 64 ans.
La France est plongée dans l’impasse politique depuis que Macron a convoqué des législatives anticipées l’an dernier, un pari destiné à renforcer son pouvoir mais qui a abouti à un parlement sans majorité et à une percée de l’extrême droite.
Le pays subit par ailleurs la pression de l’UE pour réduire son déficit et sa dette ; c’est cette bataille budgétaire qui a déjà coûté leur poste aux deux prédécesseurs de Lecornu.
Ce dernier a promis de tout faire pour doter la France d’un budget d’ici la fin de l’année, affirmant que le redressement des finances publiques était «une priorité». Le temps presse cependant, car le Parlement doit disposer de 70 jours pour examiner le budget.
Macron, confronté à sa plus grave crise intérieure depuis 2017, n’a toujours pas pris la parole depuis la chute du premier gouvernement Lecornu.
Lecornu, fidèle de Macron et ancien ministre des Armées, est resté deux jours supplémentaires après sa démission pour consulter l’ensemble des forces politiques.
Il a déclaré mercredi soir à la télévision qu’un projet de budget révisé pour 2026 pourrait être présenté lundi, respectant ainsi le calendrier constitutionnel.
Vendredi, il a averti que tous ceux qui souhaitaient entrer dans son gouvernement devraient «mettre de côté leurs ambitions présidentielles» pour 2027.
Sa première proposition de cabinet, dévoilée dimanche, avait été critiquée comme trop proche du passé ; il a ensuite suggéré d’y intégrer des technocrates.
Dans un geste inédit, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, possible candidat à la présidentielle, a même appelé Macron à démissionner une fois le budget adopté. Ce dernier a cependant toujours affirmé qu’il resterait jusqu’à la fin de son mandat.
Le Rassemblement national voit dans cette crise l’occasion la plus favorable de son histoire pour accéder au pouvoir en 2027. Marine Le Pen étant écartée en raison d’une condamnation pour corruption, son dauphin de 30 ans, Jordan Bardella, pourrait se présenter à sa place.
AFP
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