
Israël et le Hamas ont signé jeudi la première phase d’un accord sur un cessez-le-feu à Gaza et une libération d’otages après de fortes pressions du président américain Donald Trump pour mettre fin à deux ans de guerre dévastatrice dans le territoire palestinien.
La libération des captifs «devrait mettre fin à la guerre», a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gidéon Saar.
Selon Shosh Bedrosian, une porte-parole du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, «la version finale de la première phase a été signée ce matin en Égypte par toutes les parties en vue de la libération de tous les otages» retenus à Gaza.
«Tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés (au plus tard) 72 heures (après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu), ce qui nous amène à lundi», a précisé à l’AFP Mme Bedrosian.
Le président américain a toutefois reconnu que les corps de certains otages seraient «un peu difficiles à trouver».
L’accord devait encore être validé jeudi par le cabinet de sécurité israélien, avant une réunion du gouvernement au complet.
Dans les 24 heures suivant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’armée israélienne se retirera de zones où elle est déployée, mais gardera le contrôle de 53 % du territoire de la bande de Gaza, selon la porte-parole.
La signature intervient après quatre jours de négociations indirectes en Égypte ayant impliqué plusieurs acteurs internationaux dont les États-Unis.
M. Trump, qui a annoncé l’accord, conclu sur la base d’un plan qu’il a présenté fin septembre, pourrait se rendre à Jérusalem dimanche, selon la présidence israélienne. Le président américain a par ailleurs affirmé qu’il «essaierait» de se rendre en Égypte, où le président Abdel Fattah al-Sissi l’a invité à une cérémonie pour célébrer l’accord de paix. La date n’a pas été précisée.
À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dévastée et affamée, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l’annonce de l’accord, salué par plusieurs pays dont l’Iran, soutien du Hamas et ennemi juré d’Israël.
«Dieu merci! Malgré tous les morts et la perte d’êtres chers, nous sommes heureux aujourd’hui», a dit Ayman al-Najjar à Khan Younès.
«Ils reviennent»
Sur la «place des Otages» à Tel-Aviv, des centaines de personnes se sont rassemblées, beaucoup arborant un autocollant avec l’inscription «Ils reviennent», d’autres s’embrassant et se félicitant.
«Nous attendons ce jour depuis 734 jours», a dit Laurence Yitzhak, 54 ans.
Sur les 251 personnes enlevées et emmenées à Gaza lors de l’attaque du Hamas contre Israël ayant déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 47 y sont toujours retenues dont au moins 25 sont mortes selon l’armée.
Lancée en riposte à l’attaque du 7-Octobre, l’offensive israélienne à Gaza a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.
Jeudi soir, des journalistes de l’AFP et des témoins ont dit entendre encore des explosions et des tirs d’artillerie dans le centre et le sud du territoire palestinien.
Le président égyptien Sissi a appelé Israël à «la désescalade ou à cesser le feu» jusqu’à la signature de l’accord pour ne pas compromettre son «esprit».
Selon un responsable palestinien, les otages vivants seront libérés contre près de 2.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, «simultanément à des retraits israéliens spécifiques (de Gaza) et une entrée de (davantage) d’aides humanitaires». Il n’a pas mentionné les captifs morts.
L’armée israélienne a par ailleurs annoncé se préparer à repositionner ses troupes dans la bande de Gaza.
Lors d’un appel jeudi, le Premier ministre israélien a remercié M. Trump «pour ses efforts de leadership mondial ayant permis de rendre tout cela possible».
Il a jugé, tout comme le président égyptien, qu’il «mérite le prix Nobel de la Paix».
Prochaine étape
Les négociations pour la deuxième phase du plan Trump devaient commencer «immédiatement» après la signature de l’accord sur la première phase, avait annoncé un responsable du Hamas.
Le plan Trump prévoit un cessez-le-feu, un échange dans les 72 heures des otages contre des prisonniers palestiniens, le retrait par étapes de l’armée israélienne de Gaza et le désarmement du Hamas.
Le président américain a dit jeudi qu’il y aurait «un désarmement» et un «retrait» de troupes dans une prochaine phase, précisant que la priorité était le retour des otages.
L’accord prévoit aussi la création d’un «comité de la paix» présidé par M. Trump lui-même pour superviser le gouvernement de transition à Gaza.
Interrogé par la chaîne Al Araby sur le comité, Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, a déclaré: «Aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l’Autorité palestinienne, rejettent ceci (ce comité, ndlr)».
Deux précédentes trêves en novembre 2023 et début 2025 avaient permis le retour d’otages ou de corps de captifs en échange de prisonniers palestiniens, avant de s’effondrer.
L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir de données officielles.
En riposte, Israël a lancé une campagne militaire qui a dévasté le territoire, et fait selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 67.194 morts, en majorité des civils.
Les besoins humanitaires sont colossaux: «Le cessez-le-feu, c’est le début d’un long chemin, parce qu’on a encore actuellement plus de 300.000 personnes qui sont dans la ville de Gaza et dans le Nord, et qui sont complètement coupées de tout», a dit à l’AFP Antoine Renard, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) dans les Territoires palestiniens.
Khaled Desouki / AFP
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