
Le ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir, s’est rendu mercredi matin sur le site hautement sensible de l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, proclamant une «victoire» israélienne sur les lieux, ce que le Hamas a condamné comme une «provocation délibérée».
Troisième lieu saint de l’islam, l’esplanade, bâtie sur les ruines du second temple juif détruit en l’an 70 par les Romains, se trouve à Jérusalem-Est, secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël. Pour les juifs, c’est le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.
«Nous sommes à deux ans du terrible massacre [l’attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, NDLR], ici, sur le mont du Temple, c’est la victoire! Dans chaque maison à Gaza, il y a une image du mont du Temple, et nous aujourd’hui, deux ans après, nous sommes victorieux», a déclaré M. Ben Gvir dans une vidéo diffusée sur son compte X en référence aux posters de l’esplanade, très populaires chez les Palestiniens.
Le Waqf jordanien, fondation musulmane qui gère le site, a indiqué à l’AFP qu’au moins «1.300 juifs extrémistes» s’étaient rendus sur l’esplanade dans la matinée.
«L’extrémiste Itamar Ben Gvir a pris d’assaut aujourd’hui la mosquée bénie d’al-Aqsa, à la tête de groupes de colons, une provocation délibérée coïncidant avec [une] date douloureuse», a commenté le mouvement islamiste Hamas dans un communiqué, en référence aux heurts du 8 octobre 1990 lors desquels plus d’une quinzaine de Palestiniens avaient été tués à Jérusalem, certains sur l’esplanade même.
Le ministère jordanien des Affaires étrangères a condamné de son côté la visite du ministre israélien, la qualifiant de «provocation inacceptable» et de «violation flagrante du statu quo historique et légal».
En vertu d’un statu quo décrété en 1967 par Israël après sa conquête de Jérusalem-Est (alors annexée par la Jordanie), les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade à des heures précises, sans y prier, mais cette règle est de plus en plus souvent bafouée par un nombre croissant de juifs nationalistes.
Si le lieu reste administré par la Jordanie, son accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes.
C’est au moins la onzième fois que M. Ben Gvir se rend sur l’esplanade depuis la formation du gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, fin 2022. Après plusieurs de ces passages, M. Netanyahu a publié des communiqués affirmant que le statu quo restait inchangé.
La venue de M. Ben Gvir mercredi survient alors que les juifs fêtent Soukkot, une des grandes fêtes du calendrier hébraïque, mais aussi en pleines négociations indirectes entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas en vue de mettre un terme à la guerre de Gaza.
Le rabbinat interdit aux fidèles de se rendre sur l’esplanade par peur d’enfreindre les règles de pureté religieuse, mais M. Ben Gvir aime à venir y affirmer ce qu’il présente comme la souveraineté d’Israël sur l’endroit, au cœur même du conflit israélo-palestinien et objet de tensions récurrentes.
Chacune de ses visites a provoqué un tollé international et est perçue comme un casus belli par le Hamas, qui invoque régulièrement la sauvegarde du caractère musulman de l’esplanade comme l’une des justifications à son attaque sans précédent sur Israël ayant déclenché la guerre en cours, le 7 octobre 2023.
Avec AFP
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