
Le Premier ministre démissionnaire français Sébastien Lecornu tente mercredi d'ultimes pourparlers pour tenter de sortir le pays de l'impasse politique, au dernier jour fixé par le président Emmanuel Macron, qui voit lui-même se multiplier les appels à la démission.
Nouvelle dissolution de l'Assemblée après celle de l'été 2024, départ du président... Tous les scénarios sont évoqués depuis la démission surprise lundi matin de Sébastien Lecornu, seulement 14 heures après qu'il a dévoilé son gouvernement.
Une annonce qui a précipité la France dans une crise politique sans précédent et ravive les inquiétudes des investisseurs quant à la situation politique et budgétaire du pays.
Chargé d'ici mercredi soir de composer une coalition, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République consulte au pas de charge pour ce qui s'apparente à une mission de la dernière chance.
Après s'être entretenu mardi avec les responsables de la droite et du centre, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement, il doit rencontrer mercredi matin les socialistes, qui lorgnent sur le poste de chef de gouvernement, puis les écologistes.
Mais les chances de compromis sont minces. Le Rassemblement national (extrême droite) a décliné l'invitation tout comme La France insoumise (gauche radicale), qui tous deux réclament des législatives anticipées.
Le chef de l'État a déjà fait savoir par son entourage qu'il «prendrait ses responsabilités» en cas d'échec mercredi, laissant planer la menace d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée actuellement divisée en trois blocs sans majorité nette (gauche, centre et droite, extrême droite).
«La démission n'existe pas»
M. Macron a jusqu'ici toujours exclu de démissionner, comme le demande sans relâche la gauche radicale.
La pression est toutefois montée d'un cran avec des appels émanant de proches, dont son ancien Premier ministre Édouard Philippe (2017-2020), candidat déclaré à la présidentielle.
Cet allié traditionnel a lâché une bombe en l'exhortant à organiser «une élection présidentielle anticipée» après l'adoption d'un budget pour 2026, évoquant un État qui n'est selon lui «pas tenu».
M. Lecornu, qui a dit qu'en toute hypothèse il ne prendrait pas la tête du prochain gouvernement, est le quatrième locataire de Matignon depuis la dissolution surprise décidée - et perdue - par M. Macron au printemps 2024.
«On ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore (jusqu'à la présidentielle de 2027, ndlr), c'est beaucoup trop long», a lancé M. Philippe.
La veille, un autre ex-chef du gouvernement, jadis proche d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal, avait sèchement pris ses distances avec le président, dont il ne comprend «plus les décisions», sans pour autant l'appeler à écourter son mandat.
«La question de la démission n'existe pas», Emmanuel Macron restera en place «jusqu'à la dernière minute de son mandat», a répondu mardi la porte-parole démissionnaire du gouvernement, Aurore Bergé.
Pour espérer arracher un compromis, M. Lecornu a convenu de «concentrer» les discussions mercredi sur le budget pour 2026 et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique sud.
Ultime concession, il a «ouvert la porte» à une «suspension» de la réforme des retraites, une mesure phare du deuxième quinquennat Macron décriée par la gauche et les syndicats.
La ministre démissionnaire Elisabeth Borne s'est elle-même dite mardi ouverte à une «suspension» de cette réforme, qu'elle avait fait adopter au moyen du vote bloqué quand elle était Première ministre.
Avec AFP
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