
Au Maroc, la contestation de la jeunesse ne faiblit pas. Pour la sixième nuit consécutive, des milliers de jeunes ont défilé dans plusieurs villes du royaume, rassemblés sous la bannière du collectif «Gen Z 212». Ce mouvement, qui se veut le porte-voix d’une génération lassée de la corruption et des inégalités sociales, appelle désormais à la démission du gouvernement.
L’Union européenne a réagi vendredi en appelant «toutes les parties prenantes à maintenir le calme», tout en soulignant «l’importance de la participation des jeunes à la vie publique». Mais sur le terrain, la colère s’exprime toujours. Dans plusieurs villes du pays, les slogans restent les mêmes: «Des hôpitaux, pas seulement des stades», «Le peuple veut la santé et l’éducation».
Les revendications s’appuient sur une série de crises sociales. La défaillance du système de santé, illustrée par la mort suspecte de huit femmes enceintes dans un hôpital public d’Agadir, a ravivé les critiques. Le manque de moyens dans l’éducation nationale est aussi dans la ligne de mire, les manifestants dénonçant des écoles incapables d’assurer un avenir digne aux nouvelles générations. La colère s’est encore renforcée face aux milliards engagés pour la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du monde 2030, perçus comme un luxe inutile au regard de la situation intérieure.
Les premiers jours de mobilisation étaient pacifiques mais les violences ont rapidement gagné du terrain. Trois morts ont été recensés près d’Agadir, lors de ce qui a été qualifié par les autorités de «prise d’assaut» d’une caserne de gendarmerie. À Oujda, un fourgon de police a percuté des manifestants, provoquant un blessé grave. Des affrontements ont ensuite éclaté avec jets de pierre et de projectiles. Le ministère de l’Intérieur évoque plus de 300 blessés, en majorité des policiers, et plus de 400 arrestations.
Les organisateurs du collectif assurent vouloir maintenir le caractère pacifique des marches et se dissocient des scènes de pillage observées à Salé et dans d’autres villes. Leurs appels circulent chaque soir sur les réseaux sociaux, via la plateforme Discord, et les vidéos publiées en fin de journée contournent les coupures de connexion imposées par les autorités.
De son côté, le gouvernement marocain affirme être prêt aux changements revendiqués. Le secrétaire d’État chargé de l’Insertion sociale a promis de «dialoguer» avec les jeunes. Mais les manifestants réclament toujours des gestes concrets, comme la libération des détenus liés aux marches, la fin des arrestations arbitraires et l’amélioration immédiate des services publics.
La tension reste vive et le Palais Royal n’a toujours pas réagi officiellement. Un silence qui nourrit les spéculations et ajoute à la frustration d’une jeunesse qui dit «ne plus vouloir attendre».
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