Information: un droit universel au cœur de nos sociétés
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Né dans le langage juridique du Moyen Âge et transformé par la révolution numérique, le mot information porte une histoire faite de justice, de savoir et de transparence. À l’occasion du dixième anniversaire de la Journée internationale de l’accès universel à l’information, célébrée cette année à Manille, retour sur l’évolution d’un terme devenu ressource stratégique, droit fondamental et enjeu planétaire.

Le 28 septembre 2025 marque le dixième anniversaire de la Journée internationale de l’accès universel à l’information, instaurée par l’Unesco. Cette année, les célébrations culminent à Manille, où l’Unesco et le gouvernement philippin organisent, les 29 et 30 septembre, une conférence mondiale consacrée au thème «Garantir l’accès à l’information environnementale à l’ère numérique».

Cette rencontre internationale rappelle que l’accès à l’information est un droit fondamental, inscrit dans les textes internationaux et adopté par de nombreux pays, dont le Liban – par la loi n° 28 de 2017.

Retour sur le mot information. Comment est-il passé d’un terme juridique médiéval à un concept clé de l’ère des algorithmes?

De l’enquête judiciaire au flux numérique

Étymologiquement, le verbe latin informare signifie «donner forme». Ainsi, le nom dérivé informatio pouvait plus largement désigner un dessin, une esquisse, une idée ou une conception.

Au XIIIᵉ siècle, le terme information correspondait à une «enquête criminelle» menée par les officiers de justice. Au fil des siècles, son sens s’est progressivement élargi: au XIVᵉ siècle, il désignait les «renseignements que l’on obtient sur quelqu’un», puis, vers 1500, l’«ensemble de connaissances réunies sur un sujet donné», et enfin, au XIXᵉ siècle, «un renseignement porté à la connaissance du public».

Dans le champ médiatique, une information n’est pas seulement un fait: c’est un contenu sélectionné, vérifié et mis en forme pour répondre aux fameux «qui, quoi, quand, où, comment».

Mais à l’ère numérique, ce statut a profondément changé. L’information circule désormais en flux constants, souvent sans médiation, rendant plus fragile la frontière entre fait, opinion et manipulation. D’où l’importance de l’accès universel à une information fiable et pluraliste.

Une journée mondiale pour la transparence

Née en 2002 comme Journée du droit de savoir, la Journée internationale de l’accès universel à l’information a été officialisée par l’Unesco en 2015, puis adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2019. Chaque 28 septembre, cette journée met en avant l’accès à l’information comme levier de développement durable et de bonne gouvernance.

En 2025, la Conférence mondiale de Manille centre les débats sur les cadres juridiques, la lutte contre la désinformation et la nécessité de rendre accessibles les données environnementales pour répondre à l’urgence climatique.

Un droit fondamental

Dès 1946, l’Assemblée générale de l’ONU affirmait que «la liberté de l’information est un droit fondamental et la pierre angulaire de toutes les libertés». L’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) consacre le droit de «chercher, recevoir et répandre» des informations, repris dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966).

Au Liban, ce principe a été formalisé par la loi n° 28 de 2017, publiée au Journal officiel. Celle-ci «garantit le principe de libre accès du public aux documents administratifs», qu’ils soient «écrits, électroniques ou audiovisuels». Sont exclues les données sensibles liées «à la sécurité nationale» ou encore «à la vie privée des individus».

La demande d’accès à l’information peut être formulée par toute personne, sans condition de nationalité ni obligation de justification, et l’administration est tenue d’y répondre dans un délai d’un mois.

Selon cette loi, les administrations publiques – ministères, municipalités et organismes officiels – sont tenues de rendre leurs décisions accessibles dans les quinze jours suivant leur adoption. Chaque année, avant fin mars, elles doivent aussi publier un rapport détaillant leurs objectifs, leurs charges, leurs réalisations et les obstacles rencontrés.

Aujourd’hui, plus de 130 pays disposent de lois garantissant l’accès à l’information publique. Pourtant, selon l’Unesco, 45% de la population mondiale vit encore dans des pays où l’accès à l’information demeure limité par des obstacles légaux ou administratifs.

Ressource précieuse, parfois manipulée, l’information peut éclairer comme désorienter. Peut-être faut-il retenir la leçon de cette Journée mondiale: l’information n’est pas seulement ce que l’on reçoit, mais aussi un droit à défendre et une responsabilité partagée.

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