Les écrivains sillonnent la France pour séduire leurs lecteurs
L'écrivaine française Sarah Chiche pose pour une séance photo lors du 27e festival littéraire «Les Correspondances» à Manosque, dans le sud-est de la France, le 25 septembre 2025. ©Joel SAGET / AFP

De plus en plus d’auteurs participent à des festivals et rencontres pour promouvoir leurs livres dans un marché du livre en difficulté. Ces événements permettent de rapprocher les écrivains de leurs lecteurs et de donner vie aux œuvres.

Depuis la fin de l'été, ils sillonnent la France, de librairie en festival: connus ou non, les écrivains ont plus que jamais besoin d'aller à la rencontre des lecteurs pour promouvoir leurs livres dans un contexte difficile pour la littérature.
De Brest à Bordeaux en passant par Uzès et Bruxelles, «Je passe mon temps dans le train», témoigne Anne Berest, dont le roman Finistère (Albin Michel) est l'un des événements de la rentrée littéraire.
Un tel marathon est «à la fois très fatigant et très agréable», précise la romancière, qui l'a débuté le 20 août, lorsque son livre est sorti en librairie.

Cette semaine, Anne Berest a fait une courte escale à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), qui accueille une quarantaine d'auteurs en cinq jours jusqu'à dimanche.
«J'ai mis quatre ans à écrire le livre chez moi, je suis donc contente de sortir», explique la romancière.

Pendant une heure, elle a parlé de son livre à l'ombre des platanes de la place de la ville, devant quelque 350 personnes assises autour de l'estrade ou sur les terrasses des cafés. «Nous faisons monter les écrivains sur scène. Ils dialoguent, lisent leur texte ou sont accompagnés d'un musicien», explique Olivier Chaudenson, le directeur du festival.

«Rencontrer et échanger, ça change de la grande solitude de l'écriture», se réjouit Sarah Chiche, venue présenter Aimer (Julliard), sorti fin août.
Elle a des rendez-vous fixés jusqu'en avril 2026: la semaine en librairie et le week-end dans les salons littéraires, comme ceux de Nancy, Besançon, Le Mans ou Brive, qui se succèdent cet automne.

Si les ventes de livres déclinent, ces festivals restent populaires. «Les lecteurs sont heureux de voir les auteurs, qui ne peuvent plus disparaître derrière leur texte», avance Sarah Chiche.
«Peu d'écrivains la recherchent, mais l'incarnation est importante», ajoute-t-elle, en donnant l'exemple de deux romanciers stars : Amélie Nothomb et ses chapeaux ou Michel Houellebecq et son imperméable.

Sur tous les fronts

Pour le romancier Olivier Adam, «les écrivains doivent accompagner leur livre, être sur tous les fronts».
À ses débuts dans la littérature, il y a 25 ans, «les éditeurs se contentaient de critiques dans la presse, surtout Le Monde ou Le Figaro, et d'une invitation à Apostrophes», l'émission emblématique de Bernard Pivot, explique l'auteur de Et toute la vie devant nous (Flammarion).

«Ça a beaucoup changé: la presse a perdu une partie de son influence. Au profit du bouche-à-oreille, du travail des libraires, des réseaux sociaux et des festivals», estime-t-il.

Les romanciers reconnus ont moins besoin de faire leur promotion. Comme Lionel Duroy, auteur de Un mal irréparable (Mialet-Barrault), qui se félicite d'avoir «des lecteurs fidèles» de livre en livre depuis «40 ans».

Ce n'est pas le cas pour les auteurs d'un premier roman qui, quelle que soit sa qualité littéraire, peine à surnager au milieu des quelque 400 livres de la rentrée.
«Face aux têtes d'affiche de la rentrée», comme Emmanuel Carrère ou Nathacha Appanah, «on n'existe pas», reconnaît Kevin Thiévon, qui publie La bouche dans le sable (Le Bruit du monde).

Ce romancier novice de 32 ans, qui travaille au ministère des Armées, voit donc son passage au festival de Manosque «comme une belle opportunité» de «partager avec des passionnés de lecture», même si l'impact sur les ventes du livre est incertain.

Habitante de Manosque fidèle au festival depuis 2011, Françoise Rougier, 79 ans, reconnaît que «voir et entendre un écrivain en vrai» peut l'«encourager ou non à lire ses livres». Mais sans garantie: «J'ai été parfois emballée par la rencontre d'un auteur avant de m'ennuyer en lisant son bouquin. Ou l'inverse.»

Par Jérôme RIVET / AFP

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