
La visite tant attendue du pape Léon XIV au Liban aurait été confirmée par de hauts responsables ecclésiastiques, selon le quotidien Nidaa al-Watan. Si aucune annonce officielle n’a encore été émise par l’autorité pontificale, il s’avérerait que des préparatifs, à la fois spirituels et protocolaires, seraient déjà en cours pour accueillir le chef de l’Église catholique.
Le journal souligne que cette tournée, la première à l’étranger depuis l’élection du souverain pontife, devrait débuter par la Turquie afin de marquer le 1.700ᵉ anniversaire du concile œcuménique de Nicée. La ville antique, aujourd’hui partiellement submergée, aurait été remplacée par İznik comme lieu de commémoration.
Pour rappel, le concile œcuménique de Nicée est le premier grand concile de l’histoire chrétienne, réuni en 325 après J.-C. dans la ville de Nicée (aujourd’hui İznik, en Turquie). Convoqué, à l’époque, par l’empereur romain Constantin le Grand, qui venait de légaliser le christianisme, le concile avait pour objectif de mettre fin à des querelles théologiques qui menaçaient l’unité de l’Église et de l’Empire. De nos jours, le concile de Nicée sert surtout de symbole: il rappelle l’unité des premiers siècles chrétiens, inspire le rapprochement entre Églises et offre un cadre de réflexion sur la foi et la coexistence religieuse au XXIᵉ siècle.
Pour revenir à la visite du pape, et toujours selon Nidaa al-Watan, le pape devrait, après son séjour en Turquie, se rendre au Liban du 30 novembre au 2 décembre 2025. Des sources diplomatiques, citées par le quotidien, évoquent toutefois une question sensible en cours de règlement et de laquelle dépendrait la confirmation des dates.
Cette question concernerait la canonisation, prévue le 19 octobre au Vatican, de l’archevêque arménien catholique de Mardin, Ignace Maloyan, tué par les forces ottomanes à Istanbul le 11 juin 1915, pendant le génocide arménien. Une canonisation pour laquelle les autorités turques exprimeraient des réserves, car elle met clairement en lumière, bien qu'indirectement, les massacres qui ont ciblé les Arméniens au début du XXᵉ siècle.
Pour justifier son opposition, Ankara chercherait à faire valoir un ancien rapport médical qui attribuerait la mort du prélat à une crise cardiaque plutôt qu’à un massacre. Le Saint-Siège semblerait néanmoins déterminé à maintenir son programme.
Il n’en demeure pas moins que, dans l’attente de la confirmation des dates, les préparatifs libanais ont déjà commencé au palais présidentiel, selon le journal. Le programme de la visite à Beyrouth inclurait une rencontre avec le président Joseph Aoun à Baabda, mais aussi avec le président du Parlement, Nabih Berry et le Premier ministre, Nawaf Salam. Il serait également prévu qu’il s’entretienne avec les responsables des confessions chrétiennes à Bkerké, ainsi qu'avec les chefs des confessions musulmanes et, si le calendrier le permet, qu’il se rende au sanctuaire de Saint-Charbel, à Annaya. Comme lors des précédentes visites pontificales, une rencontre avec la jeunesse et une grande messe populaire seraient organisées.
D’après des sources proches du Vatican citées par le quotidien, cette visite constituerait un message clair de soutien à l’unité nationale et à la coexistence islamo-chrétienne au Liban, ainsi qu’à la souveraineté de l’État libanais. Elle s’inscrirait aussi dans un contexte régional marqué par une ouverture accrue de l’Arabie saoudite, perçue comme un encouragement au dialogue interreligieux dont le Liban demeurerait un modèle.
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