
Cinquante ans après sa sortie, «Mamma Mia» continue de faire vibrer les foules. Retour sur l’histoire et la trajectoire unique d’un tube signé ABBA, hymne planétaire qui traverse les générations et les cœurs, de Stockholm à Hollywood.
Il y a des chansons qui ne vieillissent pas, des refrains qui traversent le temps sans prendre une ride, toujours prêts à surgir au détour d’une soirée, d’une radio ou d’un karaoké, comme si l’on ouvrait la porte d’un vieux grenier empli de souvenirs. Mamma Mia d’ABBA est de celles-là. Ce mois de septembre 2025 marque un anniversaire rare: cinquante ans d’énergie, de chœurs lumineux, de mains qui claquent sur les tables et de refrains repris à tue-tête, sur les pistes de danse ou dans la pénombre des chambres adolescentes.
Tout commence à Stockholm, début 1975. ABBA, auréolé du succès de «Waterloo» à l’Eurovision l’année précédente, travaille sur son troisième album studio, sobrement intitulé ABBA. Un jour de mars, Benny Andersson, Björn Ulvaeus et Stig Anderson s’attellent à la composition d’un nouveau morceau. L’idée jaillit presque par accident, comme souvent chez les Suédois: un air venu en improvisant au piano, une mélodie joyeuse, presque enfantine, portée par les voix cristallines d’Agnetha Fältskog et d’Anni-Frid Lyngstad. Dans le studio Metronome, le titre Mamma Mia – expression d’étonnement typiquement italienne, mais que personne, dans le groupe, n’avait jamais utilisée – s’impose. Il y a ce xylophone signature, ces guitares enlevées, cette rythmique sautillante, et surtout ce refrain impossible à oublier.
Quand Mamma Mia paraît en single en septembre 1975, personne ne se doute que l’histoire de la pop vient de changer de couleur. À l’origine, la chanson n’était même pas prévue pour être un single. Mais une station de radio australienne s’empare du morceau et provoque une déferlante inattendue: le public réclame le titre en boucle. Face à cette ferveur venue de l’autre bout du monde, ABBA accepte finalement de sortir Mamma Mia en 45-tours, d’abord en Australie, puis en Europe. Le succès est immédiat. Le titre grimpe en tête des classements, conquiert la planète, et s’impose comme l’un des plus grands tubes du groupe.
Que raconte Mamma Mia, au fond? La chanson, sous ses airs légers, évoque la difficulté de tourner la page après une rupture. «Here I go again, my my, how can I resist you?»… Il y a dans ces mots la rondeur amère des retours de flamme, la naïveté d’un amour impossible à oublier, et cette pointe d’humour qui fait toute la magie d’ABBA. Le succès du titre tient aussi à son paradoxe: une tristesse vibrante, portée par une musique lumineuse, qui donne envie de danser sur ses chagrins.
En cinquante ans, Mamma Mia est devenue un rituel pop, traversant les frontières, les générations, les modes. En 1999, le spectacle musical Mamma Mia! naît à Londres. Le monde entier découvre ou redécouvre le patrimoine ABBA à travers l’histoire d’une mère et d’une fille sur une île grecque. Huit ans plus tard, Hollywood s’empare du phénomène avec le film, porté par Meryl Streep et Amanda Seyfried. Résultat: plus de 600 millions de dollars de recettes et un regain de popularité pour ABBA, qui n’a jamais vraiment quitté les playlists.
On pourrait croire que cinquante ans suffisent à faire passer une chanson dans le tiroir des souvenirs. Il n’en est rien. Mamma Mia réapparaît à chaque génération: remixée, samplée, détournée, chantée faux ou avec ferveur lors de soirées familiales, elle semble appartenir à tous. Dans la chaleur d’un été, sur une route de vacances ou à la fin d’une fête, il y a toujours quelqu’un pour lancer les premières notes. Le xylophone résonne, le sourire se dessine, et l’envie de danser prend le dessus.
Ce refrain a l’écho d’une époque insouciante, faite de pantalons pattes d’eph’ et de cheveux longs, mais aussi une modernité qui ne s’émousse pas. Mamma Mia a traversé les décennies, accompagné tant de vies, de ruptures, de retrouvailles et de fous rires, qu’elle s’inscrit dans la mémoire collective comme un hymne à la légèreté.
En septembre 2025, le monde fête les cinquante ans d’un morceau qui n’a rien perdu de sa fraîcheur. Mamma Mia, c’est un peu l’enfance retrouvée en trois minutes et trente secondes. Un élixir contre la nostalgie, un prétexte à sourire, un morceau d’éternité suédoise. Il y a fort à parier que, dans cinquante ans encore, quelqu’un, quelque part, prononcera ces deux mots magiques et qu’une piste de danse s’embrasera.
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