«Between Dust and Dawn» de Ghada Zoghbi à la Galerie Janine Rubeiz
Ghada Zoghbi, «Odalisque», 2025, acrylique et fusain sur toile, 66 x 85 cm. ©Galerie Janine Rubeiz

L’artiste libanaise Ghada Zoghbi présente sa quatrième exposition personnelle, Between Dust and Dawn, à la Galerie Janine Rubeiz, à Beyrouth. Elle y dévoile une série d’œuvres qui interrogent la trace du temps sur la terre et dans nos mémoires, entre fragilité et transformation.

L’artiste libanaise Ghada Zoghbi revient avec sa quatrième exposition personnelle, Between Dust and Dawn, actuellement visible à la Galerie Janine Rubeiz à Beyrouth. Cette série profondément méditative explore la relation fragile et mouvante entre l’humain et la terre, retraçant les marques du temps et les métamorphoses silencieuses des paysages.

Dans son exposition précédente, Wild Mindscapes (2024), ainsi que l’avait observé Hanibal Srouji, Zoghbi nous invitait à contempler la relation poétique entre l’humanité et la terre, à travers les «pierres de la terre ancienne» et des paysages façonnés par la nature ou par l’homme.

Dans ce nouveau corpus, elle propose une approche plus intime et introspective. Ses toiles révèlent de vastes panoramas et des plongées soudaines dans des sols mis à nu, marqués par l’érosion, les blessures et les transformations. Avec une technique maîtrisée et une sensibilité rare, Zoghbi restitue l’atmosphère des vallées libanaises et des étendues muettes, empreintes de mémoire.

Ses compositions, souvent proches du monochrome, s’enchaînent naturellement, comme si chaque œuvre poursuivait l’élan de la précédente. Elle confie: «Dans la confusion des temps, le mouvement prend du poids. Une image peut le retenir un instant, mais une fois relâchée, elle se dissout, elle devient souvenir.»

Alors qu’elle évoquait autrefois les présences ancestrales qui ont foulé ces terres, elle nous confronte aujourd’hui aux vestiges passés et actuels. Les «pierres de la terre ancienne» se sont désagrégées en poussière et en boue. Le spectateur devient témoin silencieux de ces traces éparses et de ces mémoires fraîches, ancrées dans l’instant:

«Des traces voyageant dans toutes les directions, parfois dans aucune.» Les toiles de Zoghbi se déploient en «paysages minéraux quasi abstraits», ponctués de signes ténus de présence humaine. De légers rehauts de fusain illuminent des harmonies chromatiques où se mêlent oranges chaleureux, bleus profonds et verts apaisés, créant une vibration poétique et subtile.

L’exposition se lit comme une méditation visuelle et spirituelle: «Ici, il n’y a ni avant ni retour, seulement la lente dérive de ce que nous avons porté, laissé, et qui devient autre.»

Ghada Zoghbi, parcours d’une artiste en quête de sens

Née en 1980 à Shmestar, au Liban, Ghada Zoghbi s’installe à Beyrouth à l’âge de 18 ans pour poursuivre des études d’arts plastiques. En 2010, elle obtient son diplôme de beaux-arts à l’Université libanaise.

Sa première exposition personnelle, Regimes of the Personal (2016), à l’Artspace Gallery, à Beyrouth, rassemblait 13 toiles inspirées des placards d’habitants de son quartier, chacun devenant le témoin silencieux d’une histoire intime. Elle y amorce sa réflexion sur la relation entre l’individuel et le collectif.

En 2021, elle revient à la Galerie Janine Rubeiz avec Pretty Abandoned, une série qui rencontre un grand succès critique et public. Elle y poursuit son exploration des liens entre l’humain et ses espaces de vie. En 2024, Wild Mindscapes confirme la puissance de son langage pictural et sa place sur la scène artistique libanaise.

L’artiste a également participé à de nombreuses expositions collectives et foires d’art au Liban et à l’étranger, notamment à Londres, en Jordanie, au Qatar, en Égypte, en Algérie, aux Émirats arabes unis et en France. Ses œuvres ont été sélectionnées pour les 31e et 32e éditions du Salon d’automne du Musée Sursock (2012 et 2017), ainsi que pour une exposition à l’Institut du monde arabe (2018).

Plusieurs de ses peintures appartiennent aujourd’hui à des collections privées et au fonds permanent du Musée Sursock. Représentée à Beyrouth par la Galerie Janine Rubeiz, Zoghbi s’attache à rester indépendante, sans affiliation politique ou religieuse, refusant les frontières imposées par le pouvoir.

En parallèle de sa carrière artistique, elle a enseigné l’art pendant 21 ans, offrant à de nombreux enfants, dont certains réfugiés ou issus de milieux défavorisés, une ouverture créative essentielle avant de se consacrer pleinement à sa pratique personnelle.

L’exposition Between Dust and Dawn est à découvrir à la Galerie Janine Rubeiz jusqu’au 10 octobre 2025.

Commentaires
  • Aucun commentaire