
Entre sécheresse, tarifs douaniers et spéculation, le café subit de plein fouet l’inflation mondiale. Résultat: un kilo de grains vaut désormais de l’or noir et pas seulement dans les tasses. Du Brésil au Liban, les amateurs paient le prix fort pour leur rituel quotidien.
Vous pensiez que la crise n’épargnerait pas votre petit café du matin? Mauvaise nouvelle: même l’expresso n’échappe plus à l’inflation mondiale, parce qu’en 2025 le prix de l’arabica a bondi de près de 80% selon Bellwether Coffee, et la hausse continue, secouant producteurs, bistrots et consommateurs, si bien que commander un café ressemble moins à une habitude qu’à un luxe assumé, et au Liban, où chaque hausse de prix pèse doublement, l’amertume se trouve dans la tasse autant que dans la vie quotidienne.
Pourquoi les prix s’envolent-ils?
La première raison, c’est le climat. Le Brésil, premier producteur mondial, a subi des sécheresses suivies de vagues de froid. Résultat: des récoltes amputées, comme l’explique la Banque mondiale.
Deuxième facteur: les barrières commerciales. Les États-Unis ont imposé en 2025 des droits de douane de 50% sur le café brésilien, note le Washington Post.
Troisième acteur: les spéculateurs. Ils profitent de la volatilité pour faire grimper les prix.
Enfin, la demande reste forte. Les consommateurs, attachés à leur dose quotidienne, refusent d’y renoncer. Ce mélange rend l’addition encore plus amère.
Du producteur à la tasse: qui perd?
La flambée des prix ne profite presque pas aux petits producteurs, qui ne touchent qu’environ 5% du chiffre d’affaires mondial du café, soit des miettes sur un marché de plus de 200 milliards de dollars, souligne EatingWell.
Les torréfacteurs et cafés répercutent la hausse mais souffrent aussi. Les consommateurs, eux, voient la note grimper vite.
Les prix en chiffres
Au début de l’année 2025, le kilo d’arabica valait 7,67 dollars, près de trois fois plus qu’un an plus tôt (+79%, selon Bellwether Coffee). Par la suite, en août, les prix ont encore bondi de 30% après l’imposition des taxes américaines sur le café brésilien, rapporte Reuters.
Aux États-Unis, le prix de détail du café a augmenté de 14,5% en juillet pour atteindre 18 dollars le kilo, selon Barron’s. En terrasse, un expresso coûte désormais entre 1 et 2 dollars de plus, indique le Washington Post.
Et au Liban?
Au pays du café fort et des longues discussions, la hausse mondiale frappe de plein fouet. Le kilo de café, vendu autour de 5,80 dollars en janvier 2025, coûte aujourd’hui entre 8,35 et 10,31 dollars – soit une hausse d’environ 60% en quelques mois.
Dans un pays déjà étouffé par l’inflation, voir son café se transformer en produit semi-de luxe ajoute une dose d’amertume à la vie quotidienne.
Quand l’expresso devient un luxe
Partout dans le monde, le café devient un produit semi-de luxe. Les prix flambent, mais la dépendance reste plus forte que l’inflation: personne ne veut vraiment s’en passer.
Au Liban, cette situation est encore plus criante parce que dans un pays où les prix explosent dans tous les secteurs, le café reste l’un des derniers petits plaisirs.
Des coopératives, ONG et marques responsables tentent de changer la donne en investissant dans des pratiques agricoles durables, des variétés plus résistantes au climat et une rémunération équitable pour les petits producteurs, comme le souligne EatingWell.
Cette lueur d’espoir permet d’imaginer que demain notre café sera non seulement abordable mais aussi éthique.
Le café illustre ainsi une double réalité: notre dépendance à une boisson quotidienne et notre vulnérabilité face aux chocs climatiques, économiques et politiques. En clair, votre petit noir coûte désormais beaucoup plus cher, mais y renoncer coûterait encore plus cher à votre humeur, alors souriez: même si la tasse se paie au prix fort, elle reste encore pleine, et c’est déjà ça.
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