1. Accueil
2. Culture
3. Se réinventer avec la couleur: la vague du «dopamine dressing»

Porter des couleurs éclatantes pour améliorer son humeur, c’est le principe du «dopamine dressing». Entre psychologie des couleurs, envie de renouveau et révolution des dressings, cette tendance habille le quotidien d’optimisme. Décryptage d’un phénomène qui fait rimer mode et bien-être.

Pendant des années, la mode hivernale s’est enfermée dans une palette de teintes neutres. Le noir, le gris et le beige régnaient en maîtres dans les vitrines et les dressings, avec l’idée rassurante que la discrétion était la meilleure des élégances. Mais depuis quelque temps, un vent nouveau souffle sur la planète mode. Les couleurs vives, franches et assumées s’invitent partout, du podium à la rue, des collections de créateurs jusqu’aux rayons du prêt-à-porter. Cette vague porte un nom: le «dopamine dressing».

Le concept, venu des pays anglo-saxons et popularisé par la psychologue de la mode Dawnn Karen, s’appuie sur une idée simple mais puissante: nos vêtements peuvent réellement influencer notre humeur. Choisir consciemment de porter du jaune éclatant, du vert pomme, du rose fuchsia ou du bleu électrique, c’est s’offrir une dose quotidienne de plaisir visuel et émotionnel. Ce geste active dans notre cerveau le circuit de la dopamine, ce neurotransmetteur du plaisir et de la motivation qui joue un rôle clé dans notre bien-être. Adopter le «dopamine dressing», c’est donc voir la mode non plus seulement comme une question de tendance, mais comme un outil de soin de soi, au même titre qu’un bon petit-déjeuner ou une séance de sport.

La psychologie des couleurs, étudiée depuis des décennies, confirme que chaque teinte véhicule un message et provoque des émotions bien précises. Le jaune est synonyme d’optimisme et d’énergie, l’orange stimule l’enthousiasme, le bleu invite à l’apaisement, tandis que le rouge évoque la confiance et le dynamisme. Porter une pièce vive attire la lumière, capte le regard et, selon plusieurs études en neurosciences, influence positivement la perception que l’on a de soi. L’effet de la couleur ne s’arrête pas à l’individu, il se diffuse à l’entourage, transformant l’humeur collective par petites touches, comme un antidote discret contre la grisaille.

Quand la mode devient un moteur d’optimisme

Cette recherche de bien-être par le vêtement n’a rien d’une coïncidence. Après plusieurs années de crise sanitaire, de confinement et d’incertitude, beaucoup ont ressenti le besoin de se réinventer, de s’exprimer différemment et de retrouver de la joie dans les gestes du quotidien. Le «dopamine dressing» s’inscrit dans ce mouvement général de reconquête de soi, où l’on s’autorise enfin à sortir des normes trop sages ou trop austères pour renouer avec l’audace et la légèreté.

Les créateurs n’ont pas tardé à s’emparer du phénomène. Les défilés des dernières saisons regorgent de silhouettes vitaminées. Valentino a fait sensation avec son rose vif décliné en total look, Loewe et Ganni multiplient les associations de couleurs franches, et même les enseignes les plus classiques proposent désormais des manteaux orange, des pulls lavande ou des sacs citron. La tendance ne s’arrête pas aux podiums. Elle infuse la rue, les réseaux sociaux et les campagnes de publicité. Les hashtags #dopaminedressing et #moodboostingoutfits foisonnent sur Instagram et TikTok, où les internautes partagent leurs inspirations, osent des mix chromatiques inédits et célèbrent la liberté retrouvée.

Des experts en psychologie de la mode, à l’image de Carolyn Mair, insistent sur la puissance de la couleur pour renforcer la confiance en soi, l’estime et l’énergie au quotidien. Choisir une veste verte, une paire de chaussures rouges ou un foulard turquoise, c’est revendiquer sa personnalité, affirmer sa différence, mais aussi se donner le droit de changer d’humeur comme on change de look. Cette vision inclusive et positive de la mode s’adresse à tous, quels que soient l’âge, la morphologie ou le style. Il n’y a plus de règles figées, plus d’interdits: chacun peut explorer la palette qui lui ressemble, sans craindre de trop en faire ou de sortir du lot.

Le «dopamine dressing» incarne une nouvelle façon de s’approprier la mode. Et si, demain, le vrai luxe était tout simplement de choisir sa couleur du jour?