Le Liban doit oser la paix
©Ici Beyrouth

Au Liban, le mot « paix » a trop longtemps été confisqué, réduit à un slogan creux ou à un tabou intouchable, rimant avec « trahison ». Pourtant, si notre pays veut survivre, reconstruire son économie et redonner espoir à ses citoyens, il n’a plus le luxe de rester prisonnier d’une logique de guerre perpétuelle. La paix, y compris avec Israël, doit devenir une priorité nationale.

Depuis des décennies, le Liban vit dans l’ombre du conflit avec Israël. Ce statu quo, nourri par des postures idéologiques et des calculs partisans, a transformé notre pays en champ de bataille par procuration. Les guerres successives, l’occupation du Sud puis la guerre de 2006, ont laissé des cicatrices profondes. Mais continuer à rejeter l’idée d’une paix revient à condamner le Liban à l’instabilité, à la peur, à la dépendance, et surtout à un isolement international que le pays du Cèdre ne peut plus se permettre.

Certains diront qu’une normalisation serait une capitulation. C’est faux. Faire la paix n’est pas céder : c’est reprendre en main notre souveraineté. C’est décider, en tant qu’État, de ne plus être otage de logiques régionales ni de milices armées. La paix, c’est rendre aux institutions leur rôle, à l’armée sa légitimité, et aux citoyens la sécurité qu’ils réclament depuis trop longtemps.

Il est ridicule, voire absurde, de se rebiffer dès qu’on prononce le mot « paix ». La paix est une valeur universelle, partagée par toutes les civilisations et au cœur même de l’humanité. Refuser de l’assumer comme aspiration nationale, c’est tourner le dos à notre avenir. Le monde arabe lui-même évolue, et plusieurs pays ont choisi la voie de la normalisation. Le Liban ne peut pas rester figé, certainement pas aujourd’hui, à contre-courant de l’Histoire. L’administration Trump a offert une opportunité en or aux Libanais, portée par un momentum inédit, qu’il serait presque criminel de laisser passer.

À ceux qui liront ce billet et chercheront à le critiquer « par principe », rappelons-le : la paix n’est pas un luxe moral, mais une nécessité vitale. L’accord sur la délimitation des frontières maritimes l’a démontré : un dialogue pragmatique avec Israël peut déboucher sur des bénéfices économiques tangibles. Imaginer un avenir de coopération, au lieu d’une confrontation éternelle, c’est ouvrir la voie à la reconstruction nationale, dont toutes les parties concernées profiteront.

Aujourd’hui, oser la paix n’est pas trahir : c’est croire en un avenir où le Liban n’est plus défini par la guerre, mais par sa capacité à renaître. C’est offrir aux Libanais la chance de vivre dans un pays normal, où l’on parle d’éducation, de progrès et de prospérité, et non plus de bombardements, de milices et d’armes.

Le Liban a tout à perdre en maintenant la guerre, et tout à gagner en choisissant la paix. Le courage politique, le vrai, consiste désormais à briser le silence, à ouvrir le débat et à tracer une voie claire : celle d’un Liban souverain, stable et enfin en paix.

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