Frappe américaine: passage à l’action militaire contre les cartels de drogue
Le navire de guerre américain USS Sampson (DDG 102) accoste au terminal international de croisières Amador à Panama City, le 2 septembre 2025. ©Martin Bernetti / AFP

La frappe meurtrière menée par le président américain Donald Trump contre un bateau soupçonné de trafic de drogue en provenance du Venezuela marque une escalade majeure, passant d’actions de police à une intervention militaire contre des cartels que son administration a qualifiés de groupes terroristes.

Une vidéo publiée par Trump sur les réseaux sociaux mardi montre un bateau à grande vitesse, avec plusieurs personnes à bord, se déplaçant sur les vagues, mais au lieu d’être arrêté et contrôlé, le navire est soudainement englouti par un incendie.

Le président américain a affirmé que 11 membres du gang Tren de Aragua avaient été tués dans la frappe, qui doit «servir d’avertissement à quiconque envisagerait d’acheminer de la drogue vers les États-Unis».

Ryan Berg, directeur du programme Amériques au Center for Strategic and International Studies, a souligné que cette opération « démontre un changement des règles d’engagement ».

«Il n’y a plus d’abordage par la Coast Guard américaine; l’approche ressemble désormais à celle employée contre les pirates dans le Golfe ou les terroristes au Sahel», a-t-il expliqué.

Les États-Unis, qui ont une longue pratique des frappes contre des militants présumés sans procès, ont désigné plus tôt cette année le Tren de Aragua, le cartel mexicain de Sinaloa et plusieurs autres organisations de trafiquants comme groupes terroristes.

Cette frappe intervient alors que les tensions entre Washington et Caracas montent, les États-Unis déployant des navires de guerre dans la région pour lutter contre le trafic, une présence perçue par le Venezuela comme une menace.

Effet hautement dissuasif

Les États-Unis accusent le président vénézuélien Nicolás Maduro de diriger un cartel de cocaïne et ont récemment doublé la prime sur sa capture à 50 millions de dollars pour qu’il soit jugé pour trafic de drogue.

Maduro accuse quant à lui Trump de chercher à provoquer un changement de régime et a lancé une mobilisation de milliers de miliciens.

Interrogé sur le risque d’escalade avec le Venezuela, Berg estime que « Maduro est peu susceptible de réagir publiquement, car cela confirmerait en réalité l’affirmation de l’administration selon laquelle il est narcotrafiquant et chef de cartel ».

Gustavo Flores-Macias, doyen de l’École de politique publique de l’université du Maryland, note que les États-Unis ont un passé d’interventions militaires en Amérique latine, mais que c’est la première opération sous la politique de Trump de désignation des cartels comme groupes terroristes.

« En optant pour des frappes militaires plutôt que pour la police traditionnelle pour lutter contre le trafic de drogue dans la région, la Maison Blanche veut envoyer un signal fort », explique-t-il.

Ce message vise « non seulement à dissuader les trafiquants, mais aussi à montrer au gouvernement de Nicolás Maduro que les États-Unis envisagent une action militaire au Venezuela ».

L’efficacité de cette politique pour réduire le trafic dans les Caraïbes reste incertaine, mais Berg souligne que le déploiement de plusieurs navires de la marine américaine «pourrait perturber les routes du trafic dans le sud des Caraïbes pendant un certain temps, de par son ampleur et sa portée».

«À court terme, cette frappe devrait avoir un effet hautement dissuasif», ajoute-t-il. «Peu de gens prendront le risque de naviguer à bord d’un ‘go fast’ de sitôt».

AFP

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