Kim Jong Un à Pékin: pourquoi c'est historique ?
Kim Jong Un aux côtés de Xi Jinping et Vladimir Poutine : une rare apparition publique du dirigeant nord-coréen à Pékin pour la parade des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. ©AFP

La photo risque de faire le tour du monde : le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un devrait se retrouver mercredi pour la première fois simultanément aux côtés des présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine – et d'une kyrielle de dirigeants étrangers.

Avare de visites à l'étranger, M. Kim assistera à une immense parade militaire organisée par la Chine pour célébrer la victoire sur le Japon en 1945.

L'événement dépasse le simple cadre protocolaire : la Chine, la Corée du Nord et la Russie entendent présenter un front uni à ce qu'elles présentent comme l'hégémonisme américain.

Pourquoi cet événement est-il historique ? L'AFP fait le point.

Une sortie rare 

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, M. Kim n'a effectué qu'une poignée de voyages à l'étranger, dont quatre préalablement en Chine, deux en Russie et deux dans la zone démilitarisée marquant la frontière avec la Corée du Sud.

Ses sorties les plus lointaines l'avaient conduit à Singapour (juin 2018) puis à Hanoï (février 2019) pour rencontrer le président américain Donald Trump.

L'image des deux dirigeants se serrant la main, devant les drapeaux de leurs pays, avait fait le tour du monde.

«Prise de risque» 

Mais les visites passées de M. Kim étaient des rencontres bilatérales. Mercredi, M. Kim se retrouvera pour la première fois en public entouré de plusieurs dirigeants de pays étrangers.

Ce déplacement représente «une prise de risque inhabituelle» car il «est difficile de contrôler le message politique» lors d'événements multilatéraux, explique à l'AFP Christopher Green, spécialiste de la péninsule coréenne à l'International Crisis Group.

Portée symbolique 

«Le Japon est la principale cible de la propagande de Pékin mercredi, ainsi que le bloc occidental dirigé par les Etats-Unis», dit à l'AFP James Char, professeur spécialiste de l'armée chinoise à l'Université technologique de Nanyang, à Singapour.

La présence du dirigeant nord-coréen «contribue à donner l'impression d'un front uni entre Pékin et Pyongyang, ainsi que Moscou», ajoute-t-il.

L'événement permettrait également à Kim d'envoyer à sa population le signal que la Corée du Nord est reconnue par deux grandes puissances, Chine et Russie, ce qui renforcerait sa légitimité.

Premier défilé à l'étranger 

C'est la première fois que Kim Jong Un, habitué aux défilés militaires grandioses dans son pays, assistera à un tel événement à l'étranger.

Sa présence vise officiellement à honorer le rôle des combattants coréens dans la défaite du Japon, même si la Corée du Nord n'existait pas en tant qu'État en 1945 (elle a été fondée en 1948).

Son grand-père Kim Il Sung avait combattu contre les forces d'occupation japonaises dans la péninsule coréenne et en Mandchourie, notamment aux côtés des Soviétiques.

La participation de combattants coréens nourrit encore aujourd'hui une mémoire militaire commune avec la Chine.

Rapprochement avec la Chine 

L'invitation faite à Kim Jong Un confirme la volonté de Xi Jinping de maintenir la Corée du Nord dans son orbite, au moment où Pyongyang intensifie ses contacts avec Moscou.

La Russie et la Corée du Nord ont signé l'an passé un pacte de défense mutuelle et des soldats nord-coréens combattent face aux troupes ukrainiennes.

«La Chine veut garder la Corée du Nord de son côté malgré le rapprochement nord-coréen avec la Russie», affirme à l'AFP Justin Hasting, professeur de relations internationales à l'Université de Sydney.

Malgré l'apparente proximité entre Pékin et Pyongyang, en partie motivée par la volonté de la Chine de conserver un État tampon entre les troupes américaines en Corée du Sud et son territoire, la relation reste ambivalente.

Pékin s'agace régulièrement des ambitions nucléaires de Pyongyang et de ses provocations militaires.

Avec AFP

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