Guerre en Ukraine: où en sommes-nous?
Les présidents ukrainien, Volodymyr Zelensky, américain, Donald Trump, et russe, Vladimir Poutine. ©Andrew Caballero-Reynolds / AFP

Plus de trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine, les deux récentes rencontres du président américain, Donald Trump, avec ses homologues russe, Vladimir Poutine, et ukrainien, Volodymyr Zelensky, ouvrent la voie vers un début de règlement sérieux du conflit.

Washington tente ainsi de relancer la diplomatie, alors que Moscou contrôle près d’un cinquième du territoire ukrainien.

En plus d’un arrêt des combats, la question des frontières est ainsi au centre des négociations, mais les positions demeurent profondément divergentes.
 

La Russie consolide ses gains

Selon les dernières estimations, la Russie occupe environ 19% du territoire ukrainien, soit près de 114.000 km². 

Cela inclut la Crimée, annexée depuis 2014, la quasi-totalité de la région de Louhansk, près de 80% de Donetsk, ainsi que de larges portions de Zaporijjia et de Kherson. 

Ces territoires forment un corridor stratégique reliant le Donbass à la Crimée et à la mer d’Azov.

Sur le front, Moscou a lancé début août une offensive dans l’est. À Donetsk, ses troupes ont progressé d’une dizaine de kilomètres, menaçant directement la zone de Pokrovsk, l’une des dernières grandes villes encore sous contrôle ukrainien. 

Kiev a envoyé des renforts en urgence pour contenir cette progression. Malgré les avancées russes sur le terrain, la ligne de front reste largement figée, marquée par des combats d’attrition coûteux pour les deux camps.


 

La «ceinture fortifiée» du Donbass

L’un des enjeux militaires les plus sensibles concerne la «ceinture fortifiée» ukrainienne dans l’oblast (une division administrative équivalente à une province) de Donetsk. 

Établie en 2014, cette ligne défensive de près de 50 kilomètres s’étend le long de la route H-20, une autoroute reliant Sloviansk à Donetsk. Elle est composée de quatre grandes villes, Sloviansk, Kramatorsk, Droujkivka et Kostyantynivka, et de plusieurs bourgs et localités, répartis du nord au sud. Elle constitue depuis onze ans un verrou stratégique contre les ambitions territoriales du Kremlin.

Selon l’Institute for the Study of War, si Kiev devait céder Donetsk, comme l’exige Moscou, l’Ukraine perdrait cette barrière majeure sans aucune garantie que les hostilités cesseraient.

Au contraire, les forces russes se retrouveraient dans une position idéale pour relancer leurs offensives en profondeur dans le Donbass. 

Cette ceinture est ainsi devenue le symbole de la résilience ukrainienne: la perdre signifierait exposer le cœur industriel et urbain de l’est du pays.
 

Un sommet inédit à Anchorage

Le 15 août, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont retrouvés à Anchorage, en Alaska, pour leur première rencontre en tête-à-tête depuis l’invasion de 2022. 

L’objectif affiché de Donald Trump était d’obtenir rapidement un cessez-le-feu. Mais la réunion s’est conclue sans accord. Les deux dirigeants ont évoqué des discussions «constructives», tout en reconnaissant qu’un «point majeur» restait en suspens. 

Vladimir Poutine a insisté sur la nécessité d’aborder les «causes profondes» du conflit, notamment la question du statut du Donbass et de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN.

En coulisses, selon plusieurs médias, le président russe aurait proposé de mettre fin aux hostilités si l’Ukraine se retirait intégralement de la région de Donetsk.

Kiev, exclue de cette première phase des pourparlers, a immédiatement rejeté toute idée de négociation sans sa participation.
 

Washington accueille Zelensky

Trois jours plus tard, le 18 août, Donald Trump recevait Volodymyr Zelensky à Washington. Cette fois, plusieurs dirigeants européens étaient présents pour afficher leur soutien à Kiev.

Donald Trump a promis des garanties de sécurité à l’Ukraine, assurant que les États-Unis et l’Europe travailleraient ensemble pour protéger le pays.

Volodymyr Zelensky a salué «un pas important», demandant que ces garanties soient formalisées par écrit. En signe de bonne volonté, il a proposé un vaste contrat d’armement avec les États-Unis, estimé à 90 milliards de dollars.

Autre annonce marquante: Donald Trump a indiqué avoir parlé à Vladimir Poutine au téléphone, préparant ainsi une rencontre directe entre le président russe et Volodymyr Zelensky dans un pays tiers.
 

Revendications et lignes rouges

Les positions restent diamétralement opposées au sujet des frontières. Moscou exige la reconnaissance de son contrôle sur les quatre régions annexées en 2022 (Donetsk, Louhansk, Kherson, Zaporijjia), ainsi que sur la Crimée. Le Kremlin réclame aussi que l’Ukraine renonce définitivement à rejoindre l’OTAN.

Kiev, de son côté, refuse toute cession de territoire. Volodymyr Zelensky réaffirme que la paix ne peut passer que par un retour aux frontières de 2014. La Constitution ukrainienne rend d’ailleurs illégal tout abandon de souveraineté.

L’abandon de Donetsk poserait un problème particulièrement aigu: en plus de la perte territoriale, il impliquerait l’abandon de la ceinture fortifiée qui constitue la principale ligne de défense ukrainienne depuis plus d’une décennie.

 

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