Une goutte promet de chasser les lunettes, finie la presbytie?
Et si une goutte dans l’œil suffisait à remplacer vos lunettes de lecture? ©Shutterstock/PeopleImages.com - Yuri A

Une simple goutte dans l’œil pourrait bientôt faire oublier les lunettes de lecture. Un nouveau collyre pour la presbytie, attendu d’ici fin 2025, promet de redonner une vision nette de près sans chirurgie ni contrainte. Que faut-il vraiment en attendre?

C’est peut-être la fin d’un rituel devenu universel après 45 ans: chercher ses lunettes de lecture pour lire une étiquette, consulter son téléphone ou savourer un roman. Désormais, un simple geste, l’application d’un collyre, pourrait redonner une vision de près claire et spontanée. D’ici la fin 2025, cette innovation pourrait transformer le quotidien de millions de presbytes, avec la promesse de reléguer les lunettes dans un tiroir.

Une goutte qui change la donne

Derrière cette avancée, un principe pharmacologique simple: quelques minutes après l’instillation d’une goutte dans chaque œil, la vision de près s’améliore pour plusieurs heures. Le secret? Une molécule qui contracte légèrement la pupille, recréant un effet «pinhole» (trou d’épingle) naturel. Cette astuce optique augmente la profondeur de champ de l’œil: les objets proches redeviennent nets, sans gêner la vision de loin.

Les essais cliniques menés aux États-Unis démontrent une efficacité remarquable: une meilleure vision de près constatée en moins de 30 minutes, avec un effet qui peut durer jusqu’à dix heures. De quoi couvrir une journée de lecture, de travail ou de loisirs sans avoir à sortir ses lunettes. Les effets indésirables restent rares et bénins: vision un peu assombrie en lumière faible, légère irritation ou maux de tête transitoires.

Début août 2025, la FDA américaine a approuvé la commercialisation du collyre VIZZ, développé par Lenz Therapeutics. Ce n’est pas la première tentative de collyre contre la presbytie: une solution à base de pilocarpine avait déjà été lancée il y a quelques années, mais sa tolérance était limitée et sa durée d’action, trop courte. Le progrès, cette fois, tient dans l’équilibre: amélioration nette de la vision de près, bonne tolérance, préservation de la vision de loin. Et, surtout, aucune chirurgie, ni lentilles complexes, juste une goutte, comme un geste banal du matin.

Un marché immense, mais des limites

Le potentiel est immense. Plus d’un milliard et demi d’adultes dans le monde sont concernés par la presbytie. Jusqu’à présent, les lunettes de lecture étaient la solution incontournable: simples, efficaces, mais parfois vécues comme une contrainte ou un marqueur d’âge. Ce collyre pourrait changer la donne, en offrant une alternative discrète, temporaire, mais confortable.

Reste à tempérer l’enthousiasme: il ne s’agit pas d’une solution miracle pour tous. Certaines personnes, notamment celles très atteintes de presbytie ou souffrant de pathologies oculaires, ne seront pas éligibles. Il faudra aussi renouveler l’application tous les jours, un peu comme on utilise un collyre hydratant ou une crème solaire.

L’arrivée de ce collyre sur le marché américain est prévue à l’automne 2025, avec une commercialisation généralisée d’ici la fin de l’année. L’Europe, quant à elle, attend l’autorisation des autorités compétentes: l’engouement des ophtalmologistes et des patients laisse présager une adoption rapide une fois le feu vert obtenu.

Cette innovation pose aussi la question de notre rapport à l’âge et à la vision. Peut-on vraiment se débarrasser des lunettes? Pour certains, c’est un confort et une liberté retrouvée: lire, cuisiner, bricoler sans dépendre d’un accessoire. Pour d’autres, la contrainte du geste quotidien, la nécessité d’une ordonnance et le coût restent des limites.

L’essentiel est peut-être ailleurs: avec cette goutte, la presbytie n’apparaît plus comme une fatalité, mais comme un trouble que la science peut, au moins partiellement, apprivoiser. D’ici quelques mois, il sera sans doute possible d’essayer ce nouveau geste et, pour la première fois, de regarder l’avenir d’un œil neuf… sans chercher ses lunettes.

 

 

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