
Au Liban, certains discours ressemblent à des déclarations de guerre… Celui de ce vendredi du secrétaire général du Hezbollah a offert au pays un cocktail explosif: «L’armée est incapable de protéger la nation»; «le gouvernement vend le pays à Israël et aux États-Unis»; «la guerre civile menace»; et surtout, cerise sur la grenade, si le pouvoir ose affronter la milice pro-iranienne, «il n’y aura plus de vie au Liban».
Comme si cela ne suffisait pas, il a brandi un obscur sondage, affirmant que «la majorité des Libanais est avec la résistance». On se demande où il est allé chercher un échantillon représentatif. Une fiction grossière que n’importe quel chauffeur de taxi démentirait entre deux feux rouges éteints. Mais dans cette rhétorique, peu importe que ce soit vrai: l’important est de répéter, répéter, répéter… jusqu’à ce que le mensonge prenne la forme d’un consensus imposé.
Ne cherchons pas de subtilité: c’est un ultimatum. Pas besoin de chars dans les rues pour faire un coup d’État; il suffit d’un micro, d’une milice et d’un discours qui explique que l’État est mort, sauf si le Hezbollah prend les commandes. L’offre de «défendre le Liban» n’est pas un service patriotique, c’est un monopole sur la force – et donc sur le pays.
L’ironie tragique, c’est qu’on appelle encore ça une République. Mais que reste-t-il de républicain quand un chef de milice peut dire que le gouvernement légitime ne tient que par sa tolérance, que la paix civile dépend de son bon vouloir, et que le peuple l’adore… parce qu’il l’a lu dans un sondage qu’il a choisi lui-même? Dans d’autres pays, ça s’appelle de la menace mafieuse. Et c’est passible des tribunaux.
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