Canicule au Liban: les ventilateurs ne trouvent pas preneurs
©Ici Beyrouth

Le Liban étouffe sous une vague de chaleur exceptionnelle cette semaine, mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les températures extrêmes n’ont pas entraîné de ruée vers les ventilateurs.

Les vendeurs d’électroménager font état de ventes en berne, parfois même inférieures à celles de l’été dernier, malgré une chaleur accablante.

À Beyrouth, de Bourj Hammoud à Corniche el-Mazraa, en passant par Kaskas, les commerçants démentent la rumeur d’une pénurie de ventilateurs. «C’est comme l’année dernière, voire moins», confie un vendeur de Corniche el-Mazraa. «L’été dernier, la chaleur a duré plus longtemps. Les gens ont acheté davantage. Cette année, ils se débrouillent avec ce qu’ils ont», dit-il.

Même constat à Kaskas: «Nous avons toujours un stock important. Les gens pensent que tout est parti, mais ce n’est pas le cas. On en vend quelques-uns, rien d’exceptionnel», souligne un autre propriétaire de magasin d’électroménager.

À Salim Salam, un commerçant montre ses rayons encore pleins: «Regardez, ils sont tous là. Si un ventilateur tombe en panne, on le remplace. Sinon, personne ne dépense. La chaleur est forte, mais les portefeuilles sont vides», constate-t-il.

À Bourj Hammoud, le scénario se répète. Un magasin n’a écoulé qu’environ 10% de son stock depuis le début de la saison. «On s’attendait à plus d’activité avec cette chaleur, mais rien n’a changé», explique le propriétaire. «Ce sont les mêmes clients que chaque année, avec les mêmes habitudes.»

Les prix vont de 15 dollars pour les modèles classiques à 75 dollars pour les ventilateurs rechargeables, utiles en cas de coupure de courant. «Les gens demandent les modèles rechargeables, mais dès qu’ils entendent le prix, ils choisissent le moins cher», ajoute le vendeur de Bourj Hammoud.

Pour les commerçants de Beyrouth comme de Bourj Hammoud, la crise économique reste le principal frein. «Les gens réfléchissent à deux fois avant de dépenser», affirme un commerçant de Corniche el-Mazraa. «S’ils ont déjà un ventilateur, ils n’en rachètent que si le leur est hors service.»

La vague de chaleur qui frappe le Liban cette semaine a fait grimper les températures de près de 10°C au-dessus des normales saisonnières, dans l'hinterland en particulier. Sur le littoral, l’humidité élevée rend l’atmosphère encore plus étouffante, accentuant la sensation de suffocation.

D’après les prévisions météorologiques, cet épisode caniculaire devrait se prolonger jusqu’à vendredi, avec une faible probabilité de formation de nuages convectifs sur l’est du pays, susceptibles d’entraîner quelques averses isolées. Un léger rafraîchissement est attendu en fin de journée vendredi, suivi d’une baisse plus marquée des températures dès samedi.

Cette vague de chaleur extrême touche également une partie de l’Europe, notamment l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Les climatologues alertent: ces périodes de chaleur prolongée et intense deviennent de plus en plus fréquentes autour du bassin méditerranéen, conséquence directe du réchauffement climatique. Elles mettent à rude épreuve les systèmes de santé, l’agriculture et les infrastructures.

Malgré la baisse des températures annoncée, les commerçants ne s’attendent pas à un regain soudain des ventes. Comme le résume un vendeur de Salim Salam: «Si cette canicule n’a pas fait bouger les ventilateurs, rien ne le fera».

 

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