Les nouveaux droits de douane américains entrent en vigueur pour des dizaines d'économies
Des conteneurs de fret sont empilés au terminal international de conteneurs de Jakarta, dans le port de Tanjung Priok, à Jakarta, le 7 août 2025, alors que les États-Unis commencent à appliquer un nouveau droit de douane de 19 % sur les importations indonésiennes. ©Yasuyoshi CHIBA / AFP

Les nouveaux droits de douane américains sur les produits en provenance de dizaines d’économies sont devenus effectifs jeudi, esquissant le nouvel ordre commercial mondial voulu par Donald Trump.

Ces surtaxes, entrées en vigueur à 04H01 GMT, une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, celle de 10% appliquée depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux États-Unis.

Il s’agit, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les États-Unis et ses partenaires, qui «profitent» d’après lui de la première puissance économique.

«Il est minuit !!! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les États-Unis d’Amérique», a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l’échéance.

Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15% et 41%. L’Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, sont désormais concernés par un taux d’au moins 15%.

Avant l’entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant dans le pays était de 18,4%, le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l’Université Yale.

Cette hausse supplémentaire devrait porter ce taux à près de 20%, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Cela en ferait le plus élevé depuis le début des années 1930, selon le Budget Lab.

Et de nouvelles annonces devraient suivre, puisque le locataire de la Maison Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés.

Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100%, a-t-il précisé mercredi, sans plus de détails.

Sept accords 

Certains pays ont tenté jusqu’au dernier moment de faire revenir les Américains sur leur décision, à l’image de la Suisse, frappée par un taux punitif de 39%. La présidente helvète Karin Keller-Sutter et son ministre de l’Économie, Guy Parmelin, sont rentrés jeudi matin d’une mission de la dernière chance à Washington pour mener d’ultimes négociations.

Le gouvernement suisse a annoncé jeudi la tenue d’une «séance extraordinaire en début d’après-midi» de son Conseil fédéral.

Pour l’heure, alors que le gouvernement américain assurait que «des dizaines d’accords» seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment avec l’Union européenne, le Japon ou le Royaume-Uni.

Il s’agit le plus souvent de pré-accords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d’investissements massifs aux États-Unis de la part des pays ou blocs concernés.

Rare exception, le Mexique a échappé aux nouvelles hausses. Le président Trump a prolongé de 90 jours les conditions douanières dont il bénéficie actuellement, à savoir 25% sur les produits entrant aux États-Unis en dehors de l’accord de libre-échange nord-américain.

La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s’étant accordées le mois dernier sur le maintien d’une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations : les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30%, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10%.

En revanche, l’heure n’est pas à la détente avec le Canada, qui a vu le 1er août augmenter la surtaxe appliquée sur ses produits, à 35%.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, en a cependant relativisé l’impact, estimant que plus de 85% des exportations vers son voisin n’étaient pas concernées.

Recomposition 

L’administration Trump se montre particulièrement ferme avec certains pays.

Donald Trump a ainsi signé la semaine dernière un décret imposant 50% de surtaxe douanière au Brésil, entré en vigueur mercredi. Là encore, les nombreuses exceptions font que moins de 35% des produits sont concernés, selon Brasilia.

Cette surtaxe fait office pour Donald Trump de représailles contre les poursuites visant l’ex-président Jair Bolsonaro, son allié d’extrême droite, accusé d’avoir tenté un coup d’État après sa défaite à l’élection de 2022.

L’Inde doit composer avec des droits de douane de 25%, qui passeront dans trois semaines à 50% sur un certain nombre de produits, Donald Trump reprochant à New Delhi le manque d’ouverture de son économie et ses achats de pétrole russe sous sanction.

Les pays commencent néanmoins à s’adapter : le Brésil, qui a déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), veut aider ses entreprises à diversifier leurs débouchés.

Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d’une économie largement endettée.

L’impact des droits de douane continue cependant d’inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l’inflation — en hausse en juin à 2,6% —, avec le risque de ralentir la croissance, qui ne devrait pas dépasser 1% en rythme annualisé au second semestre, selon les prévisions.

Par Erwan LUCAS/AFP

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