
Les récentes déclarations du président de la République, le général Joseph Aoun, selon lesquelles il mène des négociations avec le Hezbollah sur la question de son armement, sont pour le moins surprenantes, d’autant plus que le chef de l’État a admis que ces pourparlers progressaient lentement. Autre fait notable: l’appel lancé par l'ancien chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, exhortant le Hezbollah à renoncer à son arsenal lourd, jugé inutile face à Israël.
Selon des sources bien informées, plusieurs acteurs, tant libanais qu’étrangers, ont demandé au Hezbollah de restituer ses équipements militaires les plus sophistiqués – notamment ses missiles de précision et ses drones – tout en lui permettant de conserver certaines armes conventionnelles, telles que les lance-roquettes antichars. Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, aurait reçu une telle requête de la part d’un haut responsable libanais, promettant une réponse restée à ce jour inexistante. Ce silence pourrait s’expliquer par les déclarations répétées des dirigeants du parti, en tête desquels leur secrétaire général, qui excluent catégoriquement tout désarmement.
Il semble également que les canaux de communication du Hezbollah fonctionnent efficacement uniquement avec le président du Parlement, Nabih Berry, tandis que les échanges avec le président de la République et le chef du gouvernement se font de manière sporadique, officiellement pour des raisons sécuritaires. En réalité, selon des sources officielles libanaises, le Hezbollah refuse toute discussion sérieuse sur son désarmement. Ceux qui cherchent à engager un dialogue se heurtent à un mur, ou se retrouvent face à des déclarations publiques creuses, sans suite concrète.
Face à cette impasse, les autorités libanaises paraissent s’être résignées à patienter, au risque que cette attente s’éternise. De son côté, le Hezbollah ne montre aucun signe de concession. Son attachement à ses armes est plus fort que jamais, pour plusieurs raisons: d’abord, céder son arsenal serait perçu comme une capitulation, un terme banni de son vocabulaire. Ensuite, ce serait trahir sa base populaire, qui a payé un lourd tribut à sa cause, et renoncer à son objectif stratégique majeur: l’éradication d’Israël. Enfin, cela reviendrait à perdre un levier politique essentiel au Liban, et par conséquent une part significative de son influence.
D’après des sources officielles, cet arsenal est désormais la raison d’être du Hezbollah, même si cela conduit le Liban au bord du précipice. Certaines informations évoquent une possible décision des États-Unis et de leurs alliés arabes de se retirer complètement du dossier libanais. Ce désengagement signifierait la fin du soutien à la reconstruction, aux investissements et à l’aide internationale, et plus grave encore, la cessation de l’appui militaire et financier à l’armée libanaise, dernier rempart sécuritaire du pays. Le Liban se retrouverait ainsi livré à lui-même, sans aucun garde-fou.
Ces mêmes sources s’interrogent: ne vaudrait-il pas mieux pour le Hezbollah de remettre ses armes à l’armée libanaise plutôt que de les voir détruites par les raids israéliens qui s’intensifient?
Pris en étau entre la pression grandissante d’Israël et le refus catégorique du Hezbollah de désarmer, le gouvernement libanais est paralysé. Incapable de défier l’un sans risquer une guerre, ni l’autre sans craindre un conflit interne, l’État semble avoir perdu toute marge de manœuvre. Mais à force d’éviter l’affrontement, le Liban s’expose à une dérive lente, sournoise, et potentiellement bien plus dangereuse que le conflit redouté.
Commentaires