
Tom Barrack est revenu à Beyrouth. Une fois encore. Avec la même lucidité, la même inquiétude et, cette fois, peut-être, une colère plus froide. L’émissaire américain n’est pas venu pour boire le café. Il est venu pour constater. Et pour redire les choses telles qu’elles sont: le Hezbollah est en train d’entraîner le Liban dans une guerre civile et le monde pourrait bien décider de laisser tomber le pays. Ce n’est pas une menace, mais une conséquence possible de l’impasse actuelle.
Le secrétaire général de la milice chiite, dans son dernier discours, a été fidèle à lui-même: arrogant, déconnecté, dangereux. Il a proclamé, une fois de plus, une prétendue «résistance contre Israël», alors qu’il a perdu toute légitimité militaire, toute crédibilité stratégique, et que ses propres soutiens cachent de moins en moins leurs doutes. Il a parlé de «victoire». Encore et encore. Sans se soucier de la réalité.
Plus audacieux encore, le voilà qui réclame une «stratégie de défense nationale». Comme s’il était normal qu’une milice puisse imposer ses armes à un État, exiger un partage des décisions militaires, tout en restant fidèle à une puissance étrangère. Comme si l’armée libanaise n’existait pas. Comme si le pays n’avait jamais été détruit par cette mascarade sans fin, assénée à un peuple qui n’est pas, mais alors pas du tout, dupe une seule seconde. Une guerre dont personne ne veut, sauf ceux qui vivent du chaos. Une guerre que les Libanais ne méritent pas, mais dont ils risquent d’être les victimes collatérales.
Cette fois, la patience américaine touche à sa fin. Il va falloir des actes. Un calendrier pour le désarmement.
Et sinon? Alors, les États-Unis pourraient se retirer. Lâcher prise. Laisser le Liban entre les mains de ceux qui l’ont déjà vidé de sa substance, qui ont étranglé son économie, pillé ses institutions et étouffé ses libertés. Ce serait une tragédie immense, mais une tragédie parfaitement logique: comment venir en aide à un pays qui refuse de se sauver lui-même?
Soyons clairs: le Hezbollah porte aujourd’hui la responsabilité historique du suicide d’un pays qui n’avait rien demandé. Un pays qui voulait vivre. Travailler. Éduquer ses enfants. S’en sortir. Mais que l’on a utilisé, sacrifié, trahi.
Chaque milicien armé, chaque discours de guerre est un coup de poignard dans le dos du Liban. Et chaque silence officiel, chaque compromis honteux, chaque ambiguïté politique en est le complice.
Tom Barrack est venu dire une vérité brutale: le Liban est à découvert. Ce n’est plus une figure de style. C’est un état d’urgence.
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