Camille Yembe: l’éloquence pop d’une Belgo-Congolaise inspirée
La chanteuse belgo-congolaise Camille Yembe pose lors d'une séance photo à Paris le 2 juillet 2025. ©Joel SAGET / AFP

Camille Yembe, jeune chanteuse belgo-congolaise, insuffle un vent de fraîcheur à la scène pop francophone avec son premier EP Plastique. Entre influences rap et amour des mots, elle impose déjà sa singularité.

Elle a «le goût de raconter des histoires»: nouvelle tête d'une pop sans frontières, la chanteuse belgo-congolaise Camille Yembe détonne depuis Plastique, premiers pas musicaux assumés pour cette fan des concours d'éloquence et de l'humoriste Raymond Devos.
Tout va vite depuis que Camille Yembe a retiré sa «peau en plastique», celle qu'elle avait enfilée pour «éviter de tout casser», comme elle le chante dans Plastique, titre de son premier EP (mini-album) éponyme sorti début juin.
À 28 ans, elle fait souffler un vent de fraîcheur sur une pop à la croisée des influences, mélodieuse et un brin rock, qui tire aussi vers le rap. La star belge Stromae, as du mélange des styles, a validé cette jeune pousse francophone.
La native de Bruxelles, fille d'une mère belge et d'un père congolais, rêvait secrètement de cette vie. «Je faisais des interviews devant mon miroir, je chantais en imaginant un public», sourit cette joyeuse tornade aux longues dreadlocks.
Il y a moins de deux ans, elle oscillait pourtant encore entre ses aspirations artistiques et la recherche d'une stabilité financière de jeune active. Jusqu'au jour où elle décide de plaquer son boulot dans un centre d'appels.
«Ça a l'air d'être simple, mais investir en soi et croire en soi, c'est une étape qui est difficile mentalement», souligne-t-elle. D'autant que «la musique n'est pas un univers accessible. Il faut avoir le temps, les moyens, les contacts.»
Elle découvre «sur le tas», comprend «les rouages de l'industrie» et apprend que «ce n'est pas en un claquement de doigts que tout se passe».
Sa percée se confirme cet été : de nombreux festivals l'ont programmée, dont l'énorme Dour en Belgique, où elle doit se produire dimanche, et la Fête de l'Humanité en septembre.

«Plaisir auditif»

«La musique, ça a quand même été mon jardin secret», glisse l’autrice-compositrice-interprète, qui, plus jeune, a «mangé toutes les saisons» du télé-crochet musical X Factor en se projetant à la place des candidats.
Adolescente, elle s’accroche à cette «bouée de sauvetage» quand elle quitte le nid. Elle se met également à dévorer des vidéos de concours d’éloquence, réalisés en banlieues.
«Comme un podcast, je mettais ça le matin, je me maquillais, j'écoutais les concours d'éloquence. Vraiment, c'était juste un plaisir auditif d'entendre les mots, la langue française», rembobine-t-elle.
«Je voyais des personnes auxquelles je pouvais m'identifier, mais qui avaient une manière de parler parfois supérieure à la mienne. Et je me disais, waouh, c'est beau, ça peut exister aussi», explique l’artiste.
Au gré de ses recherches, elle tombe sur les sketchs de Raymond Devos, maître du «flagrant délire» décédé en 2006.
«Et… coup de foudre. Mais qui peut défier Raymond Devos ? Pour moi, s'il était là, il mangerait le rap game, parce qu'il est trop fort en termes de tournure de phrases !», lance Camille Yembe.

Stéfi Celma, Tiakola

Elle-même commence la musique par l’écriture, en tant qu’autrice.
À la faveur d'une résidence, elle apprend à faire vivre ses textes «au travers d'autres voix», en travaillant d'abord avec la chanteuse et comédienne Stéfi Celma (Dix pour cent), puis avec des artistes français de la sphère hip-hop comme Eva et le rappeur à succès Tiakola.
Au départ, «j'avais peur que ça vienne aspirer un peu mon inspiration et qu'il n'en reste plus pour moi», se souvient-elle.
Ce brassage produit tout l’inverse: «Je prends un petit peu de chaque personne, de chaque expérience et ça ne fait que grandir mon projet», loue l’artiste.
Résultat : aux prémices de sa carrière, Camille Yembe étonne autant par sa spontanéité que sa maturité.
«J’ai tellement de choses à dire encore!», lance la jeune femme, qui positionne sa musique entre «un journal intime» et un discours «de l’ordre de l’affirmation», capable de résonner chez d’autres.
Elle se dit sans pression pour la suite, déjà attelée à un disque prévu pour 2026.

Par Fanny LATTACH / AFP

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