
Les tensions ne cessent de monter dans la province majoritairement druze de Soueida, au sud de la Syrie.
Un porte-parole du ministère de l’Intérieur syrien a indiqué que les forces syriennes se préparaient à se redéployer dans la ville de Soueïda pour mettre fin aux affrontements entre Druzes et Bédouins.
Par ailleurs, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa'ar, a affirmé que son pays avait ordonné l’envoi d’aides aux Druzes de Soueïda.
«Dans le contexte des récentes attaques visant la communauté druze de Soueïda et de la grave situation humanitaire dans la région, le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a ordonné le transfert urgent d'une aide humanitaire à la population druze de la région, a indiqué son ministère. L'aide s'élèvera à 2 millions de shekels (près de 600.000 dollars) et comprendra des colis alimentaires et des fournitures médicales, a-t-il ajouté.
Selon Al Arabiya/Al Hadath, des forces tribales syriennes sont entrées vendredi dans la ville de Soueïda, après que les tribus arabes du pays ont proclamé la «mobilisation générale» pour venir en aide aux tribus bédouines de la région. Des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux montrent des colonnes de combattants tribaux convergeant vers la province.
Dans un communiqué reçu par l’agence de presse allemande DPA, les tribus ont dénoncé des «crimes de meurtre et de génocide» commis contre les Bédouins, les accusant de provoquer un déplacement massif des civils. Elles ont également demandé au gouvernement syrien de ne pas entraver le mouvement des combattants venus d’autres régions «pour soutenir leurs frères». Les tribus affirment exercer leur «droit légitime» à défendre les opprimés et à repousser les agressions, notamment envers «les femmes, les enfants et les personnes âgées».
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, un porte-parole du Conseil des tribus et clans syriens a appelé «tous les membres des tribus de l'est à l'ouest, du nord au sud de la Syrie» à se rendre immédiatement à Soueïda pour «empêcher un massacre et un nettoyage ethnique». Il a exhorté les combattants à agir avec retenue, en n’attaquant que ceux qui les agressent.
Toujours selon DPA, plus de 50 000 combattants tribaux participeraient à l’offensive contre Soueïda , avec des dizaines de milliers d’autres en route depuis l’est du pays et la région d’Alep. Ces forces auraient déjà pris le contrôle de plusieurs villages, dont la localité stratégique de Mazraa, et se rapprocheraient de Soueïda par le nord, via la route de Damas. Au total, 41 tribus participeraient aux combats, et des clans en Irak, en Jordanie et au Liban auraient exprimé leur intention de rejoindre le front.
Selon Sky News Arabia, des drones israéliens ont frappé les environs de Soueïda à l’aube de vendredi, sans qu’aucune précision ne soit donnée sur les cibles.
Israël dément avoir mené des frappes jeudi soir dans le sud de la Syrie
Israël a démenti vendredi les informations de l'agence officielle syrienne Sana selon lesquelles son armée a mené de nouvelles frappes aériennes jeudi soir près de Soueïda, ville à majorité druze du sud de la Syrie.
«L'armée israélienne n'a pas connaissance de frappes nocturnes en Syrie», a déclaré à l'AFP un porte-parole militaire.
Damas dénonce une ««violation claire des ententes»
En réponse à cette escalade, la présidence syrienne a accusé les factions druzes locales – qualifiées de «forces hors-la-loi» – d’avoir violé le cessez-le-feu, qui avait entraîné le retrait de l’armée de la province. Dans un communiqué, la présidence a déclaré que ce retrait visait à favoriser les efforts de médiation, mais que des violences «horribles» ont été perpétrées contre des civils, menaçant la paix civile et plongeant la région dans «le chaos et l’effondrement sécuritaire».
La présidence a également averti contre «l’ingérence flagrante et continue d’Israël dans les affaires intérieures syriennes», estimant qu’elle ne ferait qu’exacerber l’instabilité régionale. Selon Ynet, Damas aurait initialement coordonné son retrait avec Israël, en s’engageant à ne pas utiliser d’armement lourd. Un engagement que les responsables israéliens accusent le régime syrien d’avoir violé.
Bilan humain dramatique
Le Syrian Observatory for Human Rights (SOHR) a indiqué que le bilan des affrontements dans la province de Soueïda s’élève à environ 600 morts, dont 275 membres des ministères de la Défense et de l’Intérieur, et 304 habitants de la province.
Selon Soueïda , plus de 100 personnes ont été tuées jeudi lors d’un assaut mené par des factions proches du cheikh Hikmat al-Hijri. Des dizaines de milliers de civils auraient été déplacés, et de nombreuses habitations incendiées.
Alors que les combats s’intensifient, le gouvernement syrien réaffirme sa volonté de «rétablir la souveraineté de l’État et de faire appliquer la loi», tout en dénonçant ce qu’il qualifie de «soutien implicite aux criminels» de la part de toute entité qui interférerait contre ses forces régulières.
L'ONU demande une enquête rapide
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a demandé vendredi une enquête rapide après des affrontements dans le sud de la Syrie qui ont fait près de 600 morts en quelques jours.
«Cette effusion de sang et cette violence doivent cesser, et la protection de toutes les personnes doit être la priorité absolue. Des enquêtes indépendantes, rapides et transparentes doivent être menées sur toutes les violations, et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes», a déclaré M. Türk, dans un communiqué.
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