Votre chat vous parle-t-il? Une IA affirme le comprendre
Une IA promet de traduire les miaulements de votre chat avec 95% de précision. ©Shutterstock

Et si les miaulements de votre chat cessaient enfin d’être un mystère? L’entreprise américaine Pattern développe une intelligence artificielle capable d’analyser les vocalisations félines avec une précision revendiquée de 95%. Décryptage d’une promesse intrigante.

En matière de communication homme-animal, les chats ont toujours eu une longueur d’avance. Ils nous observent, nous manipulent avec leur regard, nous réveillent pour des raisons obscures, miaulent parfois sans fin, mais que veulent-ils vraiment nous dire? Depuis toujours, les propriétaires de chats s’interrogent: ce miaulement est-il un appel à manger, une plainte ou une salutation? Jusqu’à présent, la réponse tenait du décryptage personnel. Aujourd’hui, une start-up américaine prétend pouvoir changer la donne grâce à l’intelligence artificielle.

L’entreprise Pattern, basée aux États-Unis, affirme avoir mis au point une IA capable de traduire en temps réel les miaulements félins. Le système, baptisé Feline Glossary Classification 2.3, repose sur une base de données vocale gigantesque et une technologie de traitement sonore avancée. Selon les premiers résultats publiés dans un préprint en mai 2025, cette IA atteindrait une précision de 95% dans l’identification du sens comportemental des vocalisations. En clair, elle serait capable de dire si votre chat réclame à manger, exprime une douleur, cherche votre attention ou… s’ennuie.

Comprendre les miaulements

À première vue, l’idée peut prêter à sourire. Après tout, n’est-ce pas une énième tentative un peu gadget de la tech pour «traduire» le langage animal? Et pourtant, la recherche autour des vocalisations félines est bien réelle. Des études ont montré que les chats ont développé une communication vocale spécifique avec les humains, différente de celle qu’ils utilisent entre eux. Les miaulements ne sont donc pas anodins et s’ajustent selon la personne, l’heure du jour, et le contexte.

L’algorithme mis au point par Pattern s’appuie sur ces variations fines. Il classe les miaulements en 40 catégories, réparties en cinq grandes familles: besoins physiologiques (faim, soif), états émotionnels (peur, anxiété), demandes sociales (caresses, attention), inconfort (douleur, malaise) et expressions neutres (salutations, observation). L’IA analyse la structure spectrale du son (hauteur, durée, modulation) et en tire un profil comportemental probabilisé, qui peut être transmis en temps réel à une application ou un assistant vocal.

Contrairement aux applications existantes, comme MeowTalk, lancée en 2021 par un ancien ingénieur d’Amazon Alexa, la technologie de Pattern revendique une approche scientifique plus approfondie. Là où MeowTalk se contente de traductions génériques («Je veux manger», «Je t’aime»), Pattern ambitionne une interprétation plus fine, contextuelle et dynamique, avec une API en temps réel.

Cette avancée soulève plusieurs questions. D’abord, peut-on vraiment «traduire» un miaulement comme une phrase humaine? Les vocalisations félines sont des signaux ambigus, souvent polysémiques. Le même miaulement peut signifier des choses différentes selon le contexte. De plus, la variabilité individuelle entre chats est immense: chaque félin a son propre «accent», ses habitudes vocales, ses intonations. Une IA peut-elle vraiment les saisir toutes?

Les experts restent prudents. Si la technologie est prometteuse, elle n’a pas encore fait l’objet d’une validation par des pairs dans une revue scientifique. Son efficacité a été mesurée en interne, sur des corpus enregistrés par Pattern. Une évaluation indépendante, avec des vétérinaires et des éthologues, serait nécessaire pour confirmer les résultats.

Une révolution en marche?

Ce scepticisme n’empêche pas la technologie d’avancer. En Chine, Baidu a récemment déposé un brevet pour une IA capable de décoder les sons animaux à partir de leurs vocalisations croisées avec des données physiologiques (comme la fréquence cardiaque ou la posture). L’objectif: identifier le mal-être d’un animal sans attendre qu’il soit visible. Au Japon, des chercheurs travaillent sur une cartographie des émotions félines basées sur la reconnaissance faciale. La «traduction» animale n’est plus une lubie futuriste: c’est un chantier techno-éthologique actif, alimenté par les progrès du machine learning.

Pour les propriétaires de chats, cette IA n’a rien d’anodin. Si elle tient ses promesses, elle pourrait changer la relation que nous entretenons avec nos animaux. Comprendre qu’un miaulement exprime une gêne, une douleur ou un besoin spécifique pourrait prévenir des troubles, renforcer le lien affectif et éviter des malentendus. Cela pourrait aussi améliorer la qualité de vie des chats âgés, malades, ou anxieux.

Mais cette promesse a ses limites. Le langage animal, même vocal, n’est pas une langue humaine. Il est fait de signaux, de perceptions, de rythmes. Aucun algorithme ne remplacera l’intuition d’un maître attentif, ni le lien unique qui se tisse au fil du temps. Une IA peut aider à comprendre, elle ne peut (surtout) pas aimer à notre place.

 

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