Sur la Riviera, concert subaquatique entre baleines et poésie
À la plage de Villefranche-sur-Mer, près de Nice, les baigneurs bronzent et plongent en musique. ©Fabien NOVIAL, Emma ARNAUAFPTV / AFPTV / AFP

À Villefranche-sur-Mer, un concert unique a transformé la baignade en expérience sonore. Entre électro, cétacés et poésie, les baigneurs ont plongé dans un monde aquatique inédit.

Sur une plage de Villefranche-sur-Mer, près de Nice sur la Riviera française, le compositeur Michel Redolfi a invité les baigneurs à un long concert subaquatique ce week-end, entre musique électronique, chants de baleines et poèmes lus par l’acteur Jean-Marc Barr, le héros du Grand Bleu.
En ce dimanche de juillet, cette plage du sud-est de la France est bondée. Petits et grands bronzent, nagent, plongent, pagaient... Tout à coup, un enfant sort la tête de l’eau: «Il y a de la musique! Dans l’eau! C’est incroyable!»
De l’extérieur, on perçoit seulement quelques sons, surtout des basses. Mais si l’on met une oreille dans l’eau, tout est d’une impressionnante netteté, et plus le nageur s’approche des haut-parleurs, plus le son s’empare de lui.
Une musique électronique, un peu planante, des chants de baleines enregistrés à Tahiti, de dauphins et d’autres mammifères marins, la voix de Michel Redolfi qui parle de ces mammifères et, par moments, celle de Jean-Marc Barr, assis hors de l’eau, qui lit des textes d’Erri De Luca ou Jean Cocteau.
Si beaucoup de baigneurs continuent leurs jeux et batailles navales, l’eau s’emplit aussi de nageurs qui se mettent à faire la planche.
Kristen King, Californienne de 56 ans installée à Villefranche-sur-Mer, n’en revient pas: «On a entendu les dauphins et les oiseaux. Ils parlent de leurs histoires et vous le ressentez dans votre corps. Ça vibre et c’est très poétique.»
C’est justement cette vibration collective que recherche Michel Redolfi, bio-acousticien et designer sonore français, dont le studio Audionaute coproduit ce programme avec la ville de Villefranche, station de la Côte d’Azur dont la baie est mondialement connue pour la pratique de l’apnée.

«Incarnation de la rêverie»

Depuis les années 1980, il crée des environnements sonores pour des espaces publics comme les tramways de Nice (sud-est) ou de Brest (ouest), la fondation Carmignac à Porquerolles (sud-est) ou encore le musée Cocteau à Menton (sud-est).
«L’idée, c’est de faire que les gens soient baignés dans le son, qu’ils soient dans un musée, dans la mer, dans un tramway, et d’y aller de la manière la plus douce possible», explique-t-il.
Il s’est lancé dans les concerts subaquatiques dans les années 1980, développant au fil des ans des haut-parleurs perfectionnés et des instruments adaptés. Avec toujours l’objectif de rendre chacun à son état prénatal, flottant dans un océan de sons et de douceur.
Jean-Christophe Allard, bibliothécaire de 58 ans, avait déjà entendu un de ses concerts dans une piscine de Nice: «En mer c’est plus impressionnant. Le son passe par le crâne, même pas par les oreilles. C’est une grosse séance de relaxation.»
Une relaxation à laquelle Jean-Marc Barr, l’homme du Grand Bleu (un film de Luc Besson) depuis 1988, apporte une touche de poésie, depuis une première collaboration il y a dix ans dans une piscine de Bruxelles, en Belgique.
«C’est l’incarnation de la rêverie, c’est un poète, un homme doux, en osmose avec le milieu sous-marin», salue le compositeur.
Pour l’acteur, ces concerts subaquatiques sont l’occasion «de créer un vrai rapport avec la nature, de comprendre qu’elle peut être considérée comme sacrée (...). Tout d’un coup, la mer devient comme une cathédrale».
C’est une autre manière d’inviter à son expérience du Grand Bleu, où il avait dû apprendre à trouver un grand calme en lui pour descendre en apnée à 30 ou 40 mètres.
«Maintenant, je fais de la plongée un peu pré-gériatrique, je fais 10 mètres, mais je rentre tout de suite dans ce calme. On est privilégié d’avoir ce trésor», assure l’acteur, âgé de 64 ans.
Reste que la musique électronique ne convainc pas tout le monde. Astrid Al-Hadeed, Irlando-Koweïtienne de 64 ans, a trouvé l’expérience «charmante», mais pour elle, «ça serait encore plus beau avec de la musique classique, Bach, Mozart ou Chopin...»

Avec AFP

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