Turquie: le chef du PKK promet la mise en oeuvre «rapide» du désarmement
Ankara et les Kurdes sur la voie d’un accord politique après plus de 40.000 morts. ©Photo Ozan KOSE / AFP

Le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) s'apprête à tourner définitivement la page de la lutte armée et amorcer sa transformation en parti politique turc, répondant à un appel de son fondateur emblématique, Abdullah Öcalan.

Dans un message vidéo diffusé mercredi par les médias proches du mouvement, le chef historique du PKK, détenu depuis 1999 sur l'île-prison d'Imrali, annonce un désarmement «rapide» des combattants kurdes. Une première cérémonie est prévue d’ici la fin de la semaine dans les montagnes du nord de l’Irak, bastion du mouvement.

«Il s’agit d’une transition volontaire de la phase de conflit armé à celle de la démocratie et du droit», affirme le leader de 76 ans, filmé aux côtés de six autres prisonniers du PKK. Cette déclaration confirme la fin d’un cycle de plus de 40 ans de lutte contre Ankara, un conflit ayant fait au moins 45.000 morts.

Ce tournant historique intervient dans le sillage d’un processus de dialogue engagé à l’automne par les autorités turques, par l’intermédiaire du dirigeant nationaliste Devlet Bahceli, allié du président Recep Tayyip Erdogan.

Une médiation a ensuite été menée par le parti pro-kurde DEM, troisième force politique du Parlement turc, qui a facilité les échanges entre Abdullah Öcalan et le pouvoir turc. «Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale, et non des armes», a-t-il insisté, saluant la «réponse positive» de son mouvement, dissous officiellement le 12 mai.

Un tournant préparé en coulisses 

Lundi, Recep Tayyip Erdogan a reçu les représentants du DEM, tandis que le chef des services de renseignement, Ibrahim Kalin, s’est rendu le lendemain à Bagdad, dans le cadre d’échanges visant à garantir le succès du processus.

«Le processus va s’accélérer davantage quand l’organisation terroriste commencera à mettre en œuvre sa promesse de déposer les armes», a déclaré le président turc.

Le chef du PKK évoque de son côté les «réunions déterminantes» tenues à Imrali et appelle à l’adoption de mesures concrètes, notamment la création d’une commission spéciale au sein du Parlement turc pour encadrer cette transition.

Depuis les derniers affrontements sanglants à Diyarbakir en 2015, les troupes du PKK s’étaient repliées au nord de l’Irak, où elles restaient sous pression constante de l’armée turque et des frappes aériennes.

Un mouvement à réinventer 

Dans ce message, Abdullah Öcalan reconnaît l’«obsolescence» de la lutte armée. «Le PKK, fondé sur la quête d’un État indépendant et sur une stratégie de guerre de libération nationale, a été anéanti. Son existence a été reconnue, son objectif principal a donc été atteint», affirme-t-il, appelant à éviter toute «répétition excessive».

Cette mutation du PKK marque la fin d’un cycle de violence et ouvre la voie à une possible intégration des forces kurdes dans le jeu démocratique turc, dans un pays encore marqué par des décennies de tensions.

Par Burcin GERCEK/AFP

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